Résumé de la décision
Cette décision concerne le retrait par le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine des licences d'entrepreneur de spectacles de l'association "Horizons croisés". Après avoir déposé un recours gracieux, l'association a demandé au juge des référés du tribunal administratif de Limoges de suspendre l'exécution de l'arrêté préfectoral. Par ordonnance du 14 mars 2018, le tribunal a suspendu cette décision, ordonnance que la ministre de la culture a contestée en se pourvoyant en cassation. La décision finale a confirmé la suspension de l'arrêté du préfet et a ordonné à l’État de verser 2 000 euros à l'association au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Notification et irrégularité : La ministre soutenait que l'ordonnance avait été rendue dans une procédure irrégulière en raison d'un manque de communication de la demande d'annulation à la préfecture. Toutefois, la cour a confirmé que la demande avait bien été communiquée à la préfecture, ce qui écarte cet argument. La décision précise que "la demande aux fins d'annulation... a été communiquée à la préfecture... Le moyen tiré de ce que l'ordonnance attaquée a été rendue au terme d'une procédure irrégulière doit donc être écarté".
2. Condition d'urgence : Le juge des référés a jugé que l'urgence était remplie, car le retrait des licences empêchait l'association de poursuivre son activité, ce qui mettait en péril l'emploi de ses quatre salariés. Cela a été qualifié d'atteinte suffisante justifiant une suspension immédiate. La décision indique : "le juge des référés... s'est livré à une appréciation souveraine... exempte de dénaturation".
3. Doute sérieux sur la légalité : La cour a également relevé qu'il existait un doute sérieux quant à la légalité de l'arrêté du préfet en raison d'une méconnaissance des dispositions du Code du travail concernant la procédure de retrait de la licence. Le juge a estimé que "le courrier... ne l'avait pas mise à même de produire utilement ses observations sur la perspective du retrait de ses licences".
Interprétations et citations légales
1. Urgence et effets de l'acte litigieux : Selon le Code de justice administrative - Article L. 521-1, l'urgence justifie la suspension d'un acte administratif lorsque "l'exécution de celui-ci porte atteinte, de manière suffisamment grave et immédiate, à un intérêt public, à la situation du requérant ou aux intérêts qu'il entend défendre". Ce critère permet au juge des référés d'évaluer les conséquences immédiates sur l'association.
2. Procédure de retrait des licences : L'article R. 7122-17 du Code du travail stipule les modalités de retrait des licences d'entrepreneur de spectacles. La décision souligne que "le moyen tiré de la méconnaissance des dispositions... relatives à la procédure préalable de retrait de la licence" a été mis en avant, et il a été jugé que le préfet n'avait pas respecté cette procédure, conduisant à une violation des droits de l'association.
3. Indemnisation des frais : En vertu de l'article L. 761-1 du Code de justice administrative, la cour a décidé que l’État devait verser une somme de 2 000 euros à l'association, tenant compte des frais engagés pour défendre ses droits dans la procédure.
En résumé, la décision rendue confirme le respect des droits procéduraux de l’association et met en évidence l’importance de la légalité dans les décisions administratives.