Résumé de la décision
M. B... et Mme A... ont été assujettis à la taxe foncière sur les propriétés bâties pour l'année 2016, concernant leur habitation principale, achevée le 16 février 2015. Ils ont demandé l'exonération de cette taxe, arguant qu'ils remplissaient les conditions requises pour la bénéficier. Après avoir obtenu gain de cause devant le tribunal administratif de Bordeaux, le ministre de l'action et des comptes publics a formé un pourvoi en cassation, contestant la décision. Le Conseil d'État a annulé le jugement du tribunal administratif, considérant que la demande d'exonération présentée par M. B... et Mme A... était tardive, car leur déclaration n'avait pas été transmise dans le délai légal de quatre-vingt-dix jours suivant l'achèvement de la construction.
Arguments pertinents
1. Délais de déclaration : Le Conseil d'État a souligné que les contribuables ont l'obligation de déclarer les constructions nouvelles dans un délai de quatre-vingt-dix jours suivant leur achèvement pour bénéficier de l'exonération prévue par la loi. En l'espèce, M. B... et Mme A... ont fait leur déclaration le 19 août 2015, soit après l'expiration de ce délai.
- "Il appartient au contribuable de porter à la connaissance de l'administration l'existence d'une construction nouvelle dans les quatre-vingt-dix jours de sa réalisation définitive".
2. Caractère de la lettre de relance : Le tribunal a erronément considéré que le défaut de réponse à la lettre de relance envoyée aux contribuables conditionnait le refus d'exonération. Le Conseil d'État a précisé que cette lettre ne faisait que rappeler l'obligation déclarative, sans modifier ni prolonger le délai légal.
- "Le courrier qui précisait, conformément à la loi, que les délais de déclaration de quatre-vingt-dix jours couraient à compter de l’achèvement des travaux".
3. Ruling final : En conséquence, le Conseil d'État a jugé que la demande d'exonération était tardive et a annulé le jugement du tribunal administratif tout en rejetant les conclusions de M. B... et Mme A....
Interprétations et citations légales
L'analyse de la décision se base principalement sur deux articles du Code général des impôts qui structurent les droits des contribuables en matière de taxe foncière sur les propriétés bâties :
- Code général des impôts - Article 1383 : Cet article stipule les conditions d'exonération pour les constructions nouvelles, énonçant que "Les constructions nouvelles, reconstructions et additions de construction sont exonérées de la taxe foncière sur les propriétés bâties durant les deux années qui suivent celle de leur achèvement".
- Code général des impôts - Article 1406 : Cet article détaille les modalités de déclaration des constructions nouvelles. Il précise que "(I) Les constructions nouvelles... sont portées par les propriétaires à la connaissance de l’administration... dans les quatre-vingt-dix jours de leur réalisation définitive". En furthermore, le II de cet article souligne que "Lorsque la déclaration est souscrite hors délais, l’exonération s’applique pour la période restant à courir après le 31 décembre de l’année suivante".
L'interprétation des délais associés à ces articles est cruciale. La décision démontre que la législation est rigoureuse et que les délais de déclaration ne peuvent être modifiés par des relances administratives. Ainsi, le refus de l’exonération de la taxe s’inscrit dans un cadre strict de responsabilité déclarative des contribuables, et le respect de ces délais s’avère fondamental pour la validation des demandes d’exonération.