Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. et Mme A..., assurés auprès de la société CNP Assurances, ont déposé une plainte auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) en décembre 2019, demandant l'application des dispositions du règlement général sur la protection des données (RGPD) concernant leurs données de santé et la reprise du remboursement des échéances de leur prêt immobilier. Ils ont saisi le Conseil d’État pour constater des irrégularités dans l'accusé de réception de leur plainte et pour annuler implicitement le refus de la CNIL d’instruire cette plainte. Le Conseil d’État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur leurs conclusions concernant le refus de la CNIL d'instruire la plainte, considérant que la CNIL avait repris l'instruction de celle-ci, rendant ainsi leur requête sans objet.
Arguments pertinents
1. Incompétence du juge administratif sur les constatations de régularité : Le Conseil d’État a précisé qu'il n'entre pas dans son office de constater les irrégularités d'une procédure administrative, énonçant que les conclusions visant cette fin ne peuvent être accueillies : « il n'entre pas dans l'office du juge administratif… de 'constater l'irrégularité' d'une procédure administrative. »
2. Reprise de l'instruction par la CNIL : Le Conseil d’État a pris en compte la lettre de la CNIL du 23 mars 2021, dans laquelle elle a demandé des précisions à la CNP Assurances sur les faits contredits par M. et Mme A..., concluant que cette action rendait les conclusions des requérants sans objet : « la CNIL ayant ainsi repris l'instruction de la plainte… leurs conclusions… sont… devenues sans objet. »
3. Mesures insuffisantes ne justifient pas l'annulation : Concernant l'argument des requérants sur les insuffisances des mesures prises par la CNIL, le Conseil d’État a indiqué que cela ne préjuge pas des décisions futures de la CNIL et que jusqu'à la date de la décision, la CNIL n'avait pas renoncé à prendre des mesures : « la circonstance que la CNIL… ait demandé à la société CNP Assurances de s'expliquer ne préjuge pas des mesures qu'elle décidera de prendre. »
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 2016/679 (RGPD) : Ce règlement constitue le cadre légal européen sur la protection des données personnelles. Les requérants se sont fondés sur ce texte pour revendiquer leurs droits relatifs à la protection de leurs données de santé dans le contexte des assurances.
2. Loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 : La loi française relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, est directement liée à la capacité de la CNIL d'agir en matière de protection des données. Le Conseil d’État souligne que la CNIL, en tant qu'autorité, a le pouvoir d'instruire des plaintes et d'imposer des mesures, mais que les plaintes doivent aboutir à une décision fondée sur un examen complet des éléments fournis : « … d'user des pouvoirs de mise en demeure et de sanction qu'elle tient de la loi du 6 janvier 1978… »
3. Code de justice administrative : Ce code régit les procédures de recours administratifs en France et encadre la compétence du juge administratif. Le Conseil d’État s'appuie sur ses dispositions pour justifier sa décision relative à la compétence et à l'absence d'objet de la requête.
Avec cette structure, l'analyse des faits, des arguments et des lois pertinentes est mise en lumière, permettant ainsi de mieux comprendre la portée et les implications de la décision du Conseil d’État.