Résumé de la décision :
M. Arsen Harutyunyan a saisi le juge des référés du tribunal administratif de Nice pour enjoindre le préfet des Alpes-Maritimes d'enregistrer sa demande de renouvellement de titre de séjour l'autorisant à travailler, ainsi que de lui délivrer un récépissé dans un délai de quarante-huit heures. Il invoque l'urgence de la situation suite à l'expiration de son titre de séjour au 23 septembre 2020, lui interdisant ainsi de travailler et de justifier de la régularité de son séjour. En réponse, le ministre de l'Intérieur avance que M. Harutyunyan a été convoqué le 19 mars 2021 pour recevoir un récépissé. Après vérification, la cour a noté qu'un récépissé a effectivement été remis à M. Harutyunyan le 8 mars 2021, rendant la requête sans objet. Toutefois, la décision a condamné l’État à verser 2 000 euros à M. Harutyunyan au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
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Arguments pertinents :
1. Condition d'urgence : M. Harutyunyan soutient que son incapacité à travailler et à circuler librement constitue une situation d'urgence justifiant sa demande. Il a rappelé que son titre de séjour "vie privée et familiale" avait expiré, ce qui a conduit à la suspension de ses droits à allocations et à une menace potentielle d'éloignement.
> "[...] il est dans l'impossibilité de justifier de la régularité de son séjour et peut faire l'objet à tout moment d'une mesure d'éloignement."
2. Décision du ministre de l'Intérieur : En réponse à la requête, le ministre de l'Intérieur a mentionné que M. Harutyunyan avait été convoqué pour recevoir un récépissé, ce qui a modifié la situation depuis le dépôt de la requête, rendant celle-ci désormais sans objet.
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Interprétations et citations légales :
1. Article L. 521-2 du Code de justice administrative : Cet article permet au juge des référés d'ordonner des mesures urgentes nécessaires à la sauvegarde des libertés fondamentales. Il met en lumière le critère d'urgence et la possibilité d'atteintes graves et manifestement illégales.
> "Saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale [...]"
2. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article prévoit la possibilité pour le juge d’allouer des frais à la charge de l’État dans le cadre des litiges où il a été condamné. Dans ce cas, les circonstances justifient l'allocation de la somme de 2000 euros à M. Harutyunyan en raison de l'intervention tardive de l'administration dans la problématique de son titre de séjour.
> "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'Etat la somme de 2 000 euros à verser à M. Harutyunyan au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
En résumé, la décision illustre la tension entre la réglementation administrative sur le séjour des étrangers et les droits fondamentaux, notamment la capacité à travailler et à vivre librement, tout en soulignant le rôle crucial des juges des référés dans la protection de ces droits dans un cadre d'urgence.