Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. B... a formé opposition à une contrainte exécutée pour le recouvrement d'un indu d'allocation de solidarité spécifique devant le tribunal administratif de Strasbourg. Celui-ci a rejeté cette opposition au motif qu'elle n'avait pas été présentée par un avocat, considérant ainsi la requête comme manifestement irrecevable. Cependant, la décision a été annulée par le Conseil d'État, qui a jugé que les règles imposant la représentation par avocat ne s'appliquent pas aux litiges liés aux droits attribués aux travailleurs privés d'emploi, en vertu de la modification du Code de justice administrative instaurée par le décret du 2 novembre 2016. Par conséquent, la décision a été renvoyée au tribunal administratif de Strasbourg, et Pôle emploi a été condamné à verser à l'avocat de M. B... une somme de 1 500 euros au titre de l'aide juridictionnelle.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité abusive : Le Conseil d'État a souligné que l'application des dispositions de l'article R. 431-2 du code de justice administrative a été erronée. En effet, l'article R. 431-3, 4° stipule clairement que cette obligation de représentation par avocat ne s'applique pas aux litiges concernant des droits attribués aux travailleurs privés d'emploi « depuis le 1er janvier 2017. »
2. Droit à l'aide juridictionnelle : L'affaire a mis en évidence la question de l'aide juridictionnelle, confirmant que M. B... avait bénéficié de cette aide. Ainsi, son avocat a le droit de demander une rémunération basée sur les articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991.
Interprétations et citations légales
1. Application des nouvelles dispositions : Le Conseil d'État a interprété les règles de procédure administrative en tenant compte de leur entrée en vigueur. La date du 1er janvier 2017 est significative car elle dénote le début de l'application des nouvelles règles qui favorisent l'accès à la justice pour les travailleurs privés d'emploi. Le passage suivant en illustre l'importance :
> "ces dispositions ne s'appliquent pas : '4° Aux litiges en matière de pensions, de prestations, allocations ou droits attribués (...) en faveur des travailleurs privés d'emploi.'"
(Code de justice administrative - Article R. 431-3)
2. Maintien des droits de recours : La décision souligne que le droit de former un recours est fondamental et que les règles procédurales concernant les formes ne peuvent entraver l'exercice de ce droit. Ainsi, le Conseil d'État précise :
> "les règles qui régissent les formes dans lesquelles le recours doit être introduit et jugé ne sont pas, à la différence des voies selon lesquelles ce droit peut être exercé […] des éléments constitutifs de ce droit."
(Code de justice administrative - Article R. 431-2)
3. Aide juridictionnelle et rémunération des avocats : Enfin, la décision confirme que les avocats peuvent percevoir des honoraires même lorsque leurs clients bénéficient de l'aide juridictionnelle, tant que ceux-ci respectent les obligations stipulées dans la loi :
> "son avocat peut se prévaloir des dispositions des articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991."
(Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37)
Ces éléments montrent une claire volonté de faciliter l'accès à la justice pour les travailleurs privés d'emploi, tout en assurant une protection de leurs droits face aux exigences procédurales.