Résumé de la décision
La société Immotour a déposé un pourvoi en cassation contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Nancy, qui a jugé que la commune de Saverne justifiait la réalité d'un projet d'action à la date de la décision de préemption et qu'elle était en droit de renoncer à cette préemption. Immotour contestait également la responsabilisation de la commune pour faute. La décision du Conseil d'État a admis certaines conclusions du pourvoi concernant la responsabilité sans faute de la commune, mais a rejeté les autres conclusions relatives à la responsabilité pour faute.
Arguments pertinents
1. Dénaturation des pièces du dossier : Immotour soutenait que la cour avait mal interprété les documents en visant à prouver que la commune avait un projet d'action valide à la date de la préemption et que l'ancien hôtel Geiswiller était adéquat pour le projet de réorganisation des services.
- Citation juridique: "Cette cour a dénaturé les pièces du dossier qui lui était soumis..."
2. Abandon de projet et responsabilité : Immotour affirmait que la cour avait erré en considérant que la décision de renoncer à la préemption était justifiée par l'abandon du projet, et cela sans imputer une faute à la commune.
3. Charge de la preuve : Immotour argumentait que la cour avait commis une erreur en plaçant la charge de la preuve entièrement sur elle pour prouver l'absence de discrimination à l'encontre de l'acquéreur évincé.
4. Égalité devant les charges publiques : La société contestait que la cour ne constate pas d'office que la commune était responsable pour rupture d'égalité devant les charges publiques.
Interprétations et citations légales
Code de justice administrative - Article L. 822-1 : Cet article stipule que "Le pourvoi en cassation devant le Conseil d'Etat fait l'objet d'une procédure préalable d'admission", précisant que si le pourvoi est jugé irrecevable ou sans fondement sérieux, il sera rejeté.
Les arguments de la société Immotour tournent majoritairement autour de la thématique de la dénaturation des pièces et de la charge de la preuve, essentielle dans l'appréciation de la responsabilité d'une commune dans le cadre de la préemption.
Responsabilité sans faute vs responsabilité pour faute : La décision souligne que les conclusions concernant la responsabilité sans faute de la commune peuvent être admises, ce qui suggère que le Conseil d'État juge qu'il existe des éléments permettant d'explorer davantage cette responsabilité. En revanche, les arguments relatifs à la responsabilité pour faute n'ont pas été jugés suffisants pour justifier l'admission du pourvoi, ce qui démontre que les juges estiment que les moyens avancés ne permettent pas d'établir une faute de la commune dans ce cas précis.
Le Conseil d'État a confirmé qu'il y avait lieu d'étudier l'existence d'une responsabilité sans faute, implicite dans les dispositions légales HPDM (Hypothèse de la Responsabilité sans Faute aux Dommages), ce qui pourrait engager la commune si des injustices étaient prouvées.