Résumé de la décision
Dans cette affaire, le tribunal administratif de Bordeaux a été saisi par la communauté de communes Jalle-Eau Bourde pour contester l'ordonnance du 27 décembre 2017, qui avait suspendu la délibération du conseil communautaire du 7 novembre 2017, exercant un droit de préemption sur un bien immobilier. La société Descas Père et Fils, acquéreur évincé, avait obtenu cette ordonnance après que le juge des référés eut jugé qu'il existait un doute sérieux quant à la légalité de la décision de préemption. Le Conseil d'État annule cette ordonnance, estimant que le juge des référés a commis une erreur de droit en considérant qu'une délégation préalable au maire était nécessaire avant d'exercer le droit de préemption.
Arguments pertinents
1. Validité de la délégation de préemption : Le tribunal a souligné que le conseil municipal de Saint-Jean-d'Illac avait délégué au maire le pouvoir d'exercer le droit de préemption, sans que cela nécessite une nouvelle délibération pour chaque opération si le montant n'excède pas 16 000 euros. En conséquence, le juge a jugé erroné de considérer que la communauté de communes ne pouvait pas exercer son droit de préemption sur un bien évalué à 1 600 000 euros pour cette raison.
Citation pertinente : "Il résulte de ces dispositions que le conseil municipal a la possibilité de déléguer au maire... l'exercice des droits de préemption dont la commune est titulaire ou délégataire..."
2. Erreur de droit et absence de doute sérieux : Le juge des référés a, selon le Conseil d'État, interprété de manière erronée la législation en estimant qu'il y avait un doute sérieux sur la légalité de la délibération de préemption. La communauté de communes avait bien le droit d'exercer cette préemption sans avoir à rapporter la délibération du 29 mars 2014, laquelle restait en vigueur.
Citation pertinente : "En jugeant qu'était de nature à créer un doute sérieux... le juge des référés a commis une erreur de droit."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'article L. 521-1 du code de justice administrative : Cet article permet au juge des référés d'ordonner la suspension d’une décision administrative lorsque l’urgence le justifie et qu’un doute sérieux est soulevé quant à sa légalité. Dans cette affaire, la condition de doute sérieux n'était pas remplie sur la base des faits et des textes applicables.
Citation légale : Code de justice administrative - Article L. 521-1.
2. Délégation de préemption selon le code de l'urbanisme : L'article L. 213-3 du code de l'urbanisme permet au titulaire du droit de préemption de déléguer ce droit à d'autres entités, incluant des communautés de communes, ce qui était le cas ici. Le tribunal a validé la délégation exercée par le conseil communal.
Citation légale : Code de l'urbanisme - Article L. 213-3.
3. Limitations à la délégation : Le plafond de 16 000 euros fixé par la délibération de mars 2014 ne limitait pas la capacité de la commune à exercer ses droits de préemption dans des montants supérieurs sous certaines conditions, ce qui a été confirmé par la décision rendue.
Citation légale : Code général des collectivités territoriales - Article L. 2122-22.
La décision clarifie donc la réglementation relative à la délégation des droits de préemption et souligne l'importance de respecter le cadre législatif existant, sans imposer des conditions supplémentaires ne trouvant pas leur fondement dans les textes.