Résumé de la décision
La décision porte sur la requête de la société Cutting Tools Management Services qui demandait l'annulation de la décision du 18 décembre 2017, par laquelle la garde des sceaux a refusé d'abroger la deuxième phrase du premier alinéa de l'article R. 613-1 du code de justice administrative. Cette disposition précise que "le président de la formation de jugement peut, par une ordonnance, fixer la date à partir de laquelle l'instruction sera close" sans motif et sans possibilité de recours. Le Conseil d'État a finalement rejeté la requête de la société, considérant que ses arguments n'étaient pas fondés.
Arguments pertinents
1. Légalité externe du décret : La société ne peut pas invoquer des moyens liés à la légalité externe du décret du 7 septembre 1989, car ce dernier a été abrogé par le décret du 4 mai 2000, qui a introduit les dispositions controversées dans le code de justice administrative. Le Conseil d'État a statué : "dès lors que ce décret a été abrogé par le décret du 4 mai 2000...".
2. Modalités de clôture de l'instruction : Les dispositions de l'article R. 613-1 précisent simplement les modalités de clôture de l'instruction par ordonnance, permettant néanmoins une réouverture ultérieure de celle-ci. Le tribunal a rejeté l'argument selon lequel cela violerait le principe de l'instruction contradictoire, posant que les ordonnances de clôture ne font pas obstacle à une éventuelle réouverture de l'instruction : "la clôture... ne fait pas obstacle à ce que l'instruction puisse encore être rouverte".
3. Contentieux fiscal : La société n'a pas pu prouver que le tribunal administratif de Toulon avait statué irrégulièrement dans un contentieux fiscal, car l'ordonnance de clôture notifiée ne liait pas le tribunal quant à l'absence de réouverture de l'instruction.
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article R. 613-1 : Cet article précise les règles concernant la clôture de l'instruction, indiquant que l'ordonnance du président de la formation de jugement "n'est pas motivée et ne peut faire l'objet d'aucun recours". Cela soulève des questions sur l'équilibre entre l'efficacité des procédures et les droits des parties concernées, notamment en ce qui concerne la transparence et la possibilité de recours.
- Code de justice administrative - Article L. 5 : Le principe de l'instruction contradictoire est également affirmé dans cet article, stipulant que "l'instruction des affaires doit être contradictoire". Le Conseil d'État a signalé que les ordonnances de clôture ne contredisent pas ce principe, tant qu'il est possible de rouvrir l'instruction si nécessaire.
Cette décision souligne donc les divergences d'interprétation possibles entre la gestion des procédures administratives et les droits des parties, ainsi que l'importance de considérer la dynamique des textes législatifs et réglementaires lors des analyses juridiques.