Résumé de la décision
La société Mediwin Limited a demandé l'annulation d'une décision du président du comité économique des produits de santé, datée du 27 juillet 2017, qui l'informait qu'elle était redevable d'une remise exonératoire à hauteur de 169 553 euros au titre de la contribution L pour l'année 2016. Le Conseil d'État a décidé d'attribuer le jugement de cette requête au tribunal administratif de Paris, considérant que la décision contestée n'avait pas un caractère réglementaire et que le recours n'entrait pas dans ses compétences en premier et dernier ressort.
Arguments pertinents
1. Compétence juridictionnelle : Le Conseil d'État, dans son analyse, souligne que les tribunaux administratifs sont les juges de droit commun du contentieux administratif, conformément à l’article L. 211-1 du Code de justice administrative. La décision contestée, n’étant pas réglementaire, ne relevait pas de sa compétence.
> "Les tribunaux administratifs sont, en premier ressort et sous réserve des compétences attribuées aux autres juridictions administratives, juges de droit commun du contentieux administratif." (Code de justice administrative - Article L. 211-1)
2. Caractère non réglementaire de la décision : Il a été mis en évidence que la décision du comité économique des produits de santé ne revêtait pas le caractère réglementaire nécessaire pour être jugée par le Conseil d’État, ce qui a conduit à conclure que la juridiction compétente était le tribunal administratif de Paris.
3. Attribution territoriale : La société Mediwin Limited ayant son siège au Royaume-Uni et sans établissement en France, le Conseil d'État conclut que le tribunal administratif de Paris est le compétent par rapport à la géographie des faits.
> "Il y a lieu ... d'attribuer le jugement de ces conclusions au tribunal administratif de Paris."
Interprétations et citations légales
L’analyse de la décision repose sur l’interprétation des textes législatifs en rapport avec les contributions exigées des entreprises exploitant des spécialités pharmaceutiques. En particulier :
- Code de la sécurité sociale : Les articles L. 138-10 et L. 138-13 s’appliquent pour déterminer les conditions de contribution des entreprises. Cela inclut des seuils de chiffre d'affaires et des possibilités d'exonération en fonction des remises accordées.
> "Les entreprises redevables de la contribution qui ont conclu une convention avec le comité économique des produits de santé, ... peuvent signer ... un accord prévoyant le versement, sous forme de remise, de tout ou partie du montant dû."
- Conditions d'exonération : Les textes prévoient des modalités précises pour l'entrée en vigueur de cette contribution et les conditions d'exonération, reliant ainsi directement la requête de la société à la conformité avec ces dispositions.
> "Elles sont alors exonérées de la contribution si la somme des remises versées en application de ces accords est supérieure à 80 % du total des montants dont elles sont redevables."
En somme, cette décision illustre les limites de la compétence du Conseil d'État dans le traitement des contentieux liés à des décisions non réglementaires, tout en clarifiant les conditions d’application des articles du code de la sécurité sociale relatifs aux contributions des entreprises pharmaceutiques.