Résumé de la décision
La décision du Conseil d'État annule l'arrêté du 21 mai 2008, qui étendait l'avenant n° 2 du 15 novembre 2007 à la convention collective nationale de la production audiovisuelle. Le Syndicat national des techniciens et travailleurs de la production cinématographique et de télévision a contesté cet arrêté arguant que l'avenant établissait une différence de rémunération injustifiée entre les techniciens de catégorie B, fondée sur un critère non lié à leurs compétences ou fonctions, mais uniquement à des critères financiers. La cour d'appel de Paris avait précédemment jugé que cette différence était contraire à la règle "à travail égal, salaire égal".
Arguments pertinents
1. Validité de l'accord collectif : Le Conseil d'État rappelle que la légalité d'un arrêté d'extension est conditionnée par la validité de l'accord collectif sous-jacent. L'article L. 2261-16 du code du travail stipule que le ministre peut rendre obligatoires les avenants à une convention ou un accord seulement si ceux-ci sont conformes à la loi. Cette obligation implique que l'accord ne doit pas contrevenir à des principes comme celui "à travail égal, salaire égal".
2. Critères de différenciation : Le Conseil d'État s'appuie sur l'arrêt de la cour d'appel qui a annulé l'avenant considéré, car il différenciait les techniciens selon un critère non rattaché à leurs qualifications et responsabilités. La cour d'appel a noté que "l’obligation de recourir à des emplois spécialisés" ne reposait pas sur les compétences effectives des techniciens, menant à une distinction illégale sur les rémunérations.
Interprétations et citations légales
- Code du travail - Article L. 2261-16 : L'article énonce que : "Le ministre chargé du travail peut […] rendre obligatoires, par arrêté, les avenants ou annexes à une convention ou à un accord étendu." Cette disposition implique que pour être soumise à cette procédure, l'accord doit tout d'abord être valide et conforme au cadre légal.
- Règle "à travail égal, salaire égal" : Cette règle fondamentale, qui découle du principe d'égalité , est cruciale pour assurer une juste rémunération des travailleurs. Le fait que l'avenant ait établi une différence de traitement sur des bases économiques et non professionnelles constitue une violation de ce principe.
Cette annulation de l'arrêté ministériel illustre l'importance du respect des principes d'égalité dans le cadre des conventions collectives et met en lumière le contrôle que le Conseil d'État peut exercer sur les décisions administratives relatives aux relations de travail. La décision rappelle que les accords collectifs doivent se fonder sur des critères objectifs et non discriminatoires pour garantir une application équitable des droits des travailleurs.