Résumé de la décision
Mme A...B..., ressortissante haïtienne, a été soumise à une obligation de quitter le territoire français par un arrêté du préfet de la Guyane, en date du 13 mars 2019. Contestant cette décision, elle a demandé au juge des référés du tribunal administratif de suspendre cet arrêté ainsi que la procédure d'éloignement, en invoquant une atteinte grave et manifestement illégale à son droit au respect de la vie privée et familiale. Le juge des référés a rejeté sa demande, décision qu'elle a contestée en appel. La cour d'appel a confirmé cette décision, considérant que les arguments de Mme B... ne démontraient pas suffisamment une atteinte à ses droits, aboutissant au rejet de la requête.
Arguments pertinents
1. Condition d'urgence : Le juge des référés a d'abord examiné si la condition d'urgence, requise pour ordonner des mesures de sauvegarde d'une liberté fondamentale, était remplie. Il a conclu que la situation de Mme B... ne justifiait pas une mesure d’urgence, affirmant que "l'exécution de l'arrêté contesté ne pouvait être regardée comme portant une atteinte grave et manifestement illégale".
2. Droit au respect de la vie privée et familiale : La cour a analysé les invocations de Mme B... en matière de vie familiale. Bien qu'elle ait mentionné la présence de ses trois enfants en France, le juge a relevé qu'aucun élément concret n’était apporté pour démontrer les liens entre ses enfants et leur père, ainsi que sur la nationalité française de l'un des enfants. Le juge a noté que seuls de faibles argumentations quant à l'éventuelle obligation de déménager avec ses enfants en Haïti étaient présentes.
Interprétations et citations légales
La décision se fonde sur plusieurs textes législatifs et principes juridiques :
- Code de justice administrative - Article L. 521-2 : Il stipule que "saisi d'une demande en ce sens justifiée par l'urgence, le juge des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale." Cela souligne l'importance de démontrer tant l'urgence que la violation manifeste d'une liberté fondamentale, qui dans le cas de Mme B... n'a pas été prouvée de manière satisfaisante.
- Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme - Article 8 : Ce texte garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. Toutefois, le tribunal a interprété les réclamations de Mme B... comme étant insuffisantes car, selon le juge, "elle ne justifie pas de circonstances faisant obstacle à ce qu'elle reparte en Haïti avec ses enfants," indiquant que les liens familiaux peuvent être pris en compte, mais doivent avoir une démonstration plus substantielle.
Ces interprétations démontrent une approche stricte en matière d’évaluation d’atteintes aux droits individuels. En fin de compte, la cour a conclu que la requête de Mme B... ne pouvait être accueillie, citant l'absence de preuve suffisante d'une atteinte aux droits garantis par la loi.
Ainsi, la décision souligne un équilibre entre la nécessité de respecter le droit à la vie familiale tout en tenant compte des autres considérations, telles que la légalité des séjours migratoires et la capacité à prouver un lien significatif avec le territoire français.