Résumé de la décision :
La société MEI Partners a introduit une requête auprès du juge des référés du Conseil d'État pour demander une provision de 5 500 000 euros en raison de délais de jugement qu'elle considère excessifs concernant plusieurs requêtes pendantes. Elle a soutenu que la responsabilité de l'État était engagée en raison de ces délais, créant ainsi un préjudice. Cependant, le juge a rejeté sa demande, considérant que la durée des procédures n'était pas excessive au moment de la décision, et que l'obligation qu'elle invoquait ne pouvait être considérée comme non sérieusement contestable. En conséquence, la requête a été déclarée irrecevable sur le fondement de l'article L. 522-3 du code de justice administrative.
Arguments pertinents :
1. Recevabilité de la requête : La requérante a affirmé que sa requête était recevable puisque le juge des référés était compétent pour statuer en premier et dernier ressort sur les actions en responsabilité portant sur les durées excessives de procédure, conformément à l'article R. 311-1 du code de justice administrative. De plus, elle a signalé que la représentation par avocat n'était pas requise pour ce type de recours, ce qui soutiendrait la recevabilité.
2. Durée excessive des procédures : La société a soutenu que l'existence d'une obligation de l'État à son égard en raison de la durée excessive des procédures était incontestable, précisant que trois de ses requêtes avaient subi des délais de traitement anormaux depuis 2018.
3. Préjudice dû à la durée des procédures : Elle a également argumenté que les délais de jugement avaient engendré un préjudice, en précisant qu'une reconnaissance tardive de ses droits avait conduit à une perte de chances et à une non-obtention d'une ligne de crédit, entraînant son redressement judiciaire.
Interprétations et citations légales :
- Compétence du Conseil d'État - Code de justice administrative - Article R. 311-1 : Cet article confère au Conseil d'État une compétence exclusive pour traiter des actions en responsabilité contre l'État relatives à des durées de procédures excessives. La requérante soutenait que ce cadre législatif justifiait la recevabilité de sa demande.
- Procédure de référé - Code de justice administrative - Article R. 541-1 : Cet article permet au juge des référés d'accorder une provision si l'existence de l'obligation n'est pas sérieusement contestable. Le juge a noté que, dans le cas présent, les objections concernant la durée des procédures rendaient l'obligation contestable.
- Rejet de la requête - Code de justice administrative - Article L. 522-3 : Cet article stipule que le juge peut rejeter une requête sans instruction si l'urgence n'est pas remplie ou si la requête est manifeste non fondée. Dans cette affaire, le juge a déterminé que la durée des demandes n'était pas excessive à la date de l'ordonnance, rendant ainsi la demande de provision infondée.
En somme, la décision du Conseil d'État confirme que la norme d'évaluation de la durée des procédures reste rigoureuse et que le préjudice allégué doit être étayé par une durée véritablement excessive pour que l'obligation contre l'État soit reconnue comme non sérieusement contestable.