Résumé de la décision
Mme A..., résidant dans les Alpes-Maritimes, a saisi le juge des référés du Conseil d'État pour demander la suspension des dispositions du décret du 19 mars 2021 qui imposent des restrictions de déplacement en raison de l'épidémie de covid-19. Elle fonde sa demande sur des allégations de détournement de pouvoir, de disproportion des mesures par rapport à la situation sanitaire des différents départements, et l'absence de limite temporelle des restrictions. Le juge des référés, considérant que les arguments de Mme A... ne peuvent pas établir une atteinte grave et manifestement illégale aux droits et libertés, rejette sa requête.
Arguments pertinents
1. Détournement de pouvoir : Mme A... avance que le décret serait entaché de détournement de pouvoir, mais le juge conclut qu'aucune preuve n'est fournie pour établir que les mesures visent à masquer des carences en politique publique plutôt qu'à préserver la santé publique. "Mme A... n'établit nullement que les dispositions critiquées... seraient affectées d'une telle illégalité".
2. Proportionnalité des mesures : Elle soutient que les restrictions sont disproportionnées par rapport à la réalité sanitaire des départements concernés. Cependant, le juge déclare que ses affirmations "sont dénuées de toute précision" et ne suffisent pas à démontrer que les restrictions sont illégitimes. Il précise que "la légalité ne dépend pas d'une analyse des motifs qui les sont inspirées commune par commune".
3. Limite temporelle et critères objectifs : Concernant la limite de temps des restrictions, le jugement souligne que la législation en vigueur prévoit que le décret doit s'arrêter avec l'état d'urgence sanitaire, et les limites de déplacement sont considérées comme équilibrées entre santé publique et nécessité de vie quotidienne. "Les limites de déplacement de 10 et 30 kilomètres… n'apparaissent pas réaliser une conciliation déséquilibrée".
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article L. 521-2 : Cet article permet au juge des référés d’ordonner des mesures pour sauvegarder une liberté fondamentale en cas d’atteinte grave et manifestement illégale. Le juge souligne que les moyens avancés par Mme A... ne satisfont pas aux critères pour justifier une telle mesure.
- Code de la santé publique - Article L. 3131-15 : Cet article autorise l'édiction de mesures pour protéger la santé publique. Le jugement affirme que les dispositions visent à "réduire la pression sur les capacités hospitalières afin de mieux préserver la santé publique", conforme à cet article, ce qui renforce la légitimité des mesures.
La décision conclut en rappelant que les mesures contestées, bien qu'imposées dans un contexte sanitaire exceptionnel, sont justifiées, et que les recours n'apportent pas des éléments suffisants pour établir une atteinte illégale aux droits de Mme A....