Résumé de la décision
Dans une décision rendue le 4 octobre 2018, le Conseil d'État a annulé une ordonnance du 16 janvier 2018 de la présidente de section de la Cour nationale du droit d'asile qui avait rejeté une demande de rectification d'erreur matérielle introduite par Mme B... contre une décision antérieure. Cette décision précédemment contestée avait déclaré tardive la requête de Mme B... pour obtenir la qualité de réfugié ou, à défaut, le bénéfice de la protection subsidiaire. Le Conseil d'État a jugé que l'instance préalable avait commis une erreur de droit en considérant que les délais d’information de l’avocat de Mme B... n’affectaient pas le droit de celle-ci à introduire son recours. La Cour nationale du droit d'asile a donc été saisie à nouveau pour examiner la demande.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit avérée : Le Conseil d'État a constaté que la présidente de section avait commis une erreur de droit. En effet, elle avait négligé de prendre en compte les délais d'information de l'avocat concernant sa désignation, qui peuvent influencer le délai de recours de la requérante.
- Citation : "En statuant ainsi, l'auteur de l'ordonnance a commis une erreur de droit."
2. Bénéfice de l'aide juridictionnelle : Le Conseil a précisé que l'obtention d'une aide juridictionnelle interruptive des délais vise à garantir le droit d'accès à la justice. Dans ce contexte, le recours introduit dans un délai d'un mois après que la requérante a été informée de la désignation de son avocat ne saurait être considéré comme tardif.
- Citation : "Le recours introduit dans le mois qui suit la date de cette information ne peut être regardé comme tardif."
3. Condamnation des frais : Les frais judiciaires ont été mis à la charge de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, au motif que l'avocat de Mme B... bénéficiait des dispositions spécifiques relatives à l'aide juridictionnelle.
- Citation : "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides le versement... sous réserve que cette société renonce à percevoir la somme correspondant à la part contributive de l'Etat."
Interprétations et citations légales
Les décisions s’appuient sur plusieurs textes juridiques dont les interprétations sont cruciales pour cette affaire :
- Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile - Article L. 731-2 : Établit les délais impératifs pour le dépôt des recours devant la Cour nationale du droit d'asile, soulignant le caractère strict de la temporalité dans la procédure.
- Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 9-4 : Précise que l'aide juridictionnelle de plein droit s'applique sauf si le recours est manifestement irrecevable. Les délais pour solliciter cette aide sont clairement établis, avec une procédure spéciale pour les recours.
- Décret n° 91-1266 du 19 décembre 1991 - Article 39 : Indique la possibilité d’un nouveau délai ouvert suite à une demande d’aide juridictionnelle, renforçant ainsi l'accès à la justice pour les justiciables.
Ces articles montrent que le droit garantit au requérant la possibilité d’une procédure équitable, en évitant que des aspects administratifs, comme des informations tardives concernant la désignation d’un avocat, compromettent son accès à la justice. Le Conseil d'État a ainsi réaffirmé la nécessité de considérer les circonstances individuelles des requérants dans l'application des délais de recours.