Résumé de la décision
L'Association philanthropique d'action contre l'anarchie urbaine vecteur d'incivilités (APACAUVI) a demandé l'annulation du décret n° 2019-1082 du 23 octobre 2019, qui réglemente les engins de déplacement personnel, estimant qu'il porte atteinte à certaines normes juridiques, notamment parce qu'il ne requiert pas de permis de conduire pour leur utilisation. Le Conseil d'Etat, après examen des arguments, a rejeté la requête de l'APACAUVI, considérant que les dispositions du décret sont conformes aux exigences légales et ne portent pas atteinte aux droits garantis par la Convention européenne des droits de l’homme.
Arguments pertinents
1. Consultation régulière du Conseil d'Etat : Le Conseil d'Etat a noté que le décret en question a été régulièrement consulté, ce qui légitime sa promulgation.
2. Conformité aux directives européennes : Le décret respecte la directive 2006/126/CE relative au permis de conduire, qui définit les cyclomoteurs. L'article 4 de cette directive stipule que les engins motorisés ayant une vitesse par construction supérieure à 25 km/h requièrent un permis, tandis que les engins de déplacement personnel, dont la vitesse maximum est de 25 km/h, ne sont pas soumis à cette exigence.
> « ...les engins ne dépassant pas la vitesse maximale par construction de 25 km/h... »
3. Conditions d'utilisation : Le décret précise que les conducteurs d'engins de déplacement personnel motorisés peuvent circuler sur les trottoirs sous certaines conditions, garantissant ainsi la sécurité routière et la conformité aux normes requises.
> « ...ils ne peuvent le faire que si les conditions de circulation le permettent et s'ils sont, par ailleurs, équipés d'un casque... »
4. Responsabilité des conducteurs : La décision souligne que tous les conducteurs doivent être assurés en responsabilité civile, malgré l'absence d'une obligation spécifique d'assurance pour les engins de déplacement personnel.
5. Absence de traitements inhumains ou dégradants : Les arguments de l'association concernant une violation des droits à la vie et protection contre les traitements inhumains sont jugés non fondés, car le décret définit des règles appropriées pour la sécurité des utilisateurs.
Interprétations et citations légales
1. Directive 2006/126/CE : Cette directive énonce clairement que la différence de vitesses entre les engins motorisés et les engins de déplacement personnel détermine la nécessité d'un permis.
> « L'article 4 de la directive 2006/126/CE... prévoyant que l'âge minimum du conducteur des cyclomoteurs est de 16 ans. »
2. Code de la route - Article R. 412-43-1 : Cette disposition précise les conditions dans lesquelles les engins de déplacement personnel peuvent être utilisés sur les voies publiques, notamment l'équipement requis pour circuler en toute sécurité.
> « ...tout manquement aux obligations définies au III est susceptible d'être puni de l'amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe... »
3. Convention européenne des droits de l'homme - Articles 2 et 3 : Les articles relatifs à la protection de la vie et la prohibition des traitements inhumains et dégradants ne s'appliquent pas ici, car les mesures stipulées par le décret garantissent la sécurité des usagers.
> « ...les moyens tirés de la méconnaissance des exigences tenant au droit à la vie et au principe de protection contre les traitements inhumains doivent être écartés. »
En conclusion, la décision du Conseil d'Etat souligne la conformité du décret avec les exigences légales en matière de sécurité routière et de droits fondamentaux, tout en affirmant que les dernières dispositions ne constituent pas une atteinte aux droits des usagers.