Résumé de la décision
M. A...B..., ressortissant algérien, a épousé une ressortissante française en avril 2012. En septembre 2016, il a demandé à acquérir la nationalité française par déclaration, conformément à l’article 21-2 du Code civil. Toutefois, le Premier ministre a opposé un refus en août 2018, arguant que M. B... n'était pas digne d'acquérir cette nationalité en raison de circonstances liées à une condamnation pour obstruction à un contrôle des autorités. M. B... a contesté ce décret par une demande d'annulation pour excès de pouvoir. Toutefois, le jugement a rejeté cette demande, confirmant la légitimité de la décision du Premier ministre.
Arguments pertinents
Les arguments clés de la décision se basent principalement sur l'application des dispositions des articles 21-2 et 21-4 du Code civil. En effet, le Premier ministre a considéré que M. B... devait être regardé comme indigne d’acquérir la nationalité française, en se fondant sur les faits de condamnation pour obstruction à des fonctionnaires lors d’un contrôle. La gravité des faits et leur caractère récent ont justifié cette considération, amenant le tribunal à conclure que le Premier ministre n’avait pas fait une inexacte application de la loi.
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Citation clé :
« [Le Premier ministre] n'a pas, compte tenu du caractère encore récent des faits en cause à la date du décret attaqué et de leur gravité, fait une inexacte application de l'article 21-4 du code civil. »Interprétations et citations légales
L'analyse des articles de loi montre des nuances dans l'interprétation des critères d'acquisition de la nationalité française :
- Code civil - Article 21-2 : Cet article précise les conditions pour qu'un étranger marié à un conjoint français puisse acquérir la nationalité française, mettant en avant la nécessité d'une communauté de vie intacte ainsi que la nationalité conservée du conjoint français.
- Code civil - Article 21-4 : Il permet au Gouvernement de s’opposer à une demande de nationalité sur la base de l’indignité ou d’un défaut d’assimilation (à l'exclusion des critères linguistiques). La gravité des actes de M. B... a conduit à le considérer comme indigne, ce qui est une interprétation des termes d'indignité présents dans cet article.
La décision met en exergue le constat que des faits de nature répréhensible peuvent constituer des freins à l'accès à la nationalité. Il est souligné que l'indignité ne se limite pas seulement à des comportements criminels avérés, mais également à des comportements manifestant un manque de respect envers les institutions d'État.
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Citation pertinente :
« Le Gouvernement peut s'opposer par décret en Conseil d'Etat, pour indignité ou défaut d'assimilation, autre que linguistique, à l'acquisition de la nationalité française [...] » – Code civil - Article 21-4.En conclusion, la décision renforce la nécessité de maintenir une conduite compatible avec les valeurs de la République française pour bénéficier de droits tels que l'acquisition de la nationalité. La responsabilité des actes envers l'État est mise en avant comme une condition essentielle pour qu'un étranger ou un apatride puisse revendiquer cette nationalité.