Résumé de la décision
La Ligue des droits de l'homme a saisi le juge administratif pour demander l'annulation d'une circulaire du ministre de l'intérieur datée du 31 octobre 2017, qui concerne l'application de la loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Le tribunal a considéré que la circulaire ne contenait pas de dispositions nouvelles et se contentait d'expliquer l'application dévolue par la loi. Ainsi, les termes relatifs à l'intervention du juge et à certains éléments pouvant être saisis ont été jugés caduques suite à des décisions antérieures du Conseil constitutionnel. Les autres moyens de la requête ont été rejetés pour insuffisance de précision. La demande d'annulation a donc été partiellement déclarée sans objet et le surplus a été rejeté.
Arguments pertinents
1. Incompétence des circulaires non impératives : Le tribunal stipule que « l'interprétation... donnée des lois et règlements qu'elle a pour mission de mettre en œuvre n'est pas susceptible d'être déférée au juge de l'excès de pouvoir lorsque... dénuée de caractère impératif ». En d'autres termes, les circulaires qui ne fixent pas de règles nouvelles et ne portent pas atteinte aux droits individuels ne peuvent être contestées.
2. Caducité des éléments contraires à la Constitution : La circulaire mentionne des dispositions ayant été déclarées contraires à la Constitution par le Conseil constitutionnel. Cela entraîne leur caducité, « [la circulaire] doit être réputée caduque » pour ces éléments spécifiques, et les conclusions associées sont donc déclarées sans objet.
3. Rejet des arguments sur la compatibilité avec la Convention européenne : L'argument selon lequel les dispositions du code de la sécurité intérieure seraient incompatibles avec les droits garantis par la Convention européenne des droits de l'homme n'a pas été reçu, car les moyens soulevés manquaient de précisions nécessaires, « [les moyens] ne sont pas assortis des précisions nécessaires pour permettre d'apprécier leur bien-fondé ».
Interprétations et citations légales
1. Interdiction d'imposer des règles nouvelles via circulaire : La décision soutient que les circulaires ne peuvent créer une règle nouvelle sans base juridique. Cela s’appuie sur le principe selon lequel : « les dispositions impératives à caractère général d'une circulaire ou d'une instruction doivent être regardées comme faisant grief ».
2. Références aux décisions du Conseil constitutionnel : Les décisions n° 2017-691 QPC et n° 2017-695 QPC sont particulièrement cruciales. Elles rappellent que certaines passages de la législation en matière de sécurité sont inconstitutionnels, ce qui a conduit le tribunal à éliminer « les termes [relatifs] à l'intervention du juge des référés du tribunal administratif ».
3. Importance de la précision dans les arguments : Le tribunal souligne que pour contester la compatibilité d'un article de loi avec les droits de l'homme, il est impératif de fournir des précisions claires et détaillées. Il énonce que « les moyens... ne sont pas assortis des précisions nécessaires », ce qui traduit un besoin de rigueur dans les recours juridiques.
En conclusion, la décision démontre l'importance de la séparation des pouvoirs, la portée des circulaires administratives, ainsi que le caractère restrictif et précis que doivent porter les arguments soutenant une contestation légale.