Résumé de la décision
La décision du Conseil d'État concerne deux recours en cassation présentés par la société AFM Recyclage contre des arrêts de la cour administrative d'appel de Nantes, qui avaient rejeté ses appels liés à l'adoption d'une modification du plan local d'urbanisme (PLU) de la commune de Trignac. Les arrêts contestés ont été annulés en raison d'une irrégularité procédurale, à savoir le défaut de mention d'une note en délibéré dans l'arrêt rendu par la cour d'appel, ce qui a conduit à annuler également l'arrêt qui mettait fin à l'instance. Les demandes de frais d'avocat au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ont été rejetées.
Arguments pertinents
1. Irrégularité de la procédure : Le Conseil d'État souligne qu'il incombe à la cour administrative d'appel de Nantes de viser la note en délibéré soumise par AFM Recyclage après l'audience. L'absence de cette mention dans l'arrêt viole les exigences procédurales établies par le code de justice administrative. Cela est évident dans l'extrait suivant :
> "Faute de l'avoir fait, son arrêt est irrégulier et doit, par suite, sans qu'il soit besoin d'examiner les autres moyens des pourvois, être annulé."
2. Effet de l'annulation : En raison de l'annulation de l'arrêt préliminaire, le Conseil d'État conclut que cela rend nécessaire l'annulation de l'arrêt mettant fin à l'instance, en soutenant que :
> "Compte-tenu de l'annulation de l'arrêt avant-dire droit du 15 décembre 2017, il y a lieu d'annuler l'arrêt du 12 octobre 2018 pris sur son fondement."
3. Frais d'instance : Le Conseil d'État a décidé de rejeter les conclusions des parties relatives aux frais, précisant que la société AFM Recyclage n'ayant pas la qualité de partie perdante, elle ne peut pas se voir accorder les frais, tout comme la communauté d'agglomération qui aurait pu demander des frais :
> "Il n'y a pas lieu... de mettre à la charge de la communauté d'agglomération de la région nazairienne et de l'estuaire" et "Ces mêmes dispositions font obstacle à ce que soient mises à la charge de la société AFM Recyclage, qui n'a pas la qualité de partie perdante."
Interprétations et citations légales
1. Sur l'article R. 741-2 du code de justice administrative : Cet article exige que l'arrêt mentionne les éléments essentiels relatifs à la procédure et les décisions des parties, ce que la cour n'a pas fait. Il établit que :
> "La décision mentionne que l'audience a été publique (...) Elle contient le nom des parties, l'analyse des conclusions et mémoires ainsi que les visas des dispositions législatives ou réglementaires dont elle fait application."
2. Sur l'article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que les frais d'avocat ne peuvent être condamnés à la charge de la partie perdante. La décision du Conseil d’État interprète cet article en soulignant que, dans le contexte de l'affaire, aucune des parties ne peut être considérée comme ayant perdu :
> "Il n'y a pas lieu... de mettre à la charge de la communauté d'agglomération de la région nazairienne et de l'estuaire et autres la somme que demande, au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, la société AFM Recyclage."
Cette analyse montre que le Conseil d'État place une importance primordiale sur le respect des règles de procédure pour garantir la légitimité des décisions prises par les cours administratives d'appel.