Résumé de la décision
M. D... a acquis la nationalité française par décret le 19 décembre 2017 et a demandé, le 16 mars 2018, la modification de ce décret afin que ses enfants, Chah-Solène, N'Cho Soël, et C..., bénéficient également de la nationalité française. Son recours au Conseil d'État vise à annuler la décision du ministre de l'Intérieur, qui a rejeté sa demande le 18 janvier 2019. Le Conseil d'État a jugé que, en l'absence de preuves suffisantes démontrant que les enfants résidaient alternativement chez leur père, cette demande ne pouvait aboutir. La requête de M. D... a donc été rejetée.
Arguments pertinents
1. Condition de résidence : Pour qu'un enfant mineur devienne français de plein droit par le biais de la naturalisation de l'un de ses parents, il doit résider avec ce dernier ou alternativement chez lui si les parents sont séparés. Le Conseil d'État souligne que M. D... déclarait que ses enfants résidaient chez leur mère et qu'il ne fournissait pas de preuves suffisantes concernant une résidence alternée.
2. Absence de preuve de garde alternée : Le Conseil indique que bien que M. D... ait affirmé s'occuper de ses enfants sur des jours où il est libre, il n'a produit aucune décision judiciaire établissant une garde alternée, ce qui empêche de considérer les enfants comme résidant alternativement chez lui.
Interprétations et citations légales
- Code civil - Article 22-1 : Cet article établit qu'un enfant mineur dont l'un des parents acquiert la nationalité française devient français de plein droit si « il a la même résidence habituelle que ce parent » ou « s'il réside alternativement avec ce parent dans le cas de séparation ou divorce ». En l’espèce, le Conseil d'État interprète cet article en insistant sur la nécessité d’une résidence effective, confirmée par des éléments probants tels que la décision judiciaire sur la garde.
- Analyse du dossier : Le Conseil d'État note que M. D... avait mentionné que ses enfants résidaient chez leur mère, et les documents fournis (certificats de scolarité, avis d'imposition) ne soutenaient pas l'idée d'une résidence alternée. Le rapport du Conseil conclut que, sans preuve concrète d’une telle résidence, les conditions de l’article 22-1 ne sont pas remplies, justifiant ainsi le rejet de la demande par le ministre de l'Intérieur.
Ainsi, à travers ces éléments, la décision se concentre sur l'importance cruciale de la preuve de résidence et sur l'interprétation stricte des conditions légales permettant d'accorder la nationalité française aux enfants.