Résumé de la décision
La décision concerne la demande de M. C... qui a acquis la nationalité française par décret en janvier 2016 et souhaite faire bénéficier sa fille, Livecie, de cette nationalité. Son recours pour excès de pouvoir contre le refus du ministre de l’Intérieur de modifier le décret afin d’y ajouter le nom de l’enfant a été jugé fondé. La décision a annulé le refus du ministre et a enjoint celui-ci à proposer au Premier ministre la modification du décret pour y inclure le nom de la fille dans un délai de deux mois. M. C... a également obtenu des frais d'avocat à la charge de l'État.
Arguments pertinents
1. Acquisition de la nationalité : Selon l'article 22-1 du Code civil, un enfant mineur peut devenir français par le biais de la nationalité acquise par l'un des parents, sous certaines conditions. Il est précisé que l'enfant doit résider avec le parent à la date du décret, ou avoir été déclaré au préalable.
2. Résidence familiale : Le tribunal a constaté que M. C... était effectivement en résidence avec sa fille et la mère au moment de la naturalisation, remettant ainsi en cause l'argument du ministre selon lequel l'enfant ne résidait pas avec M. C... lorsque le décret a été signé.
3. Annulation de la décision ministérielle : La Cour a estimé que M. C... avait le droit de voir son enfant mentionné dans le décret, ce qui conduisait à l'annulation de la décision du ministre : « M. C... est fondé... à demander l'annulation pour excès de pouvoir de la décision du ministre d’Etat... ».
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie principalement sur la législation en matière de nationalité. Voici quelques textes de loi pertinents :
- Code civil - Article 22-1 : Cet article établit les fondements juridiques pour l'acquisition de la nationalité française par un enfant mineur lorsque l'un des parents acquiert cette nationalité. Il y stipule que l'enfant doit être notifié à l'administration au préalable et vivre avec le parent au moment de la naturalisation, sauf impossibilité.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 et Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Ces articles abordent la possibilité d'obtenir l'aide juridictionnelle et les conditions dans lesquelles un avocat peut être indemnisé par l'État, ce qui a permis à M. C... de recevoir 3 000 euros pour ses frais d'avocat.
Les juges ont fait une interprétation stricte des éléments factuels concernant la résidence de M. C... et sa fille, en contradictoire avec les allégations du ministre d'État. La décision a ainsi souligné l'importance de la preuve concrète de la résidence au moment de la naturalisation, reflétant l'idée que le droit à la nationalité doit s'appliquer équitablement aux situations familiales établies.