Résumé de la décision
M. A..., ressortissant mauritanien, a été naturalisé français par décret du 10 août 2007 après avoir déclaré être célibataire. Cependant, il a épousé une ressortissante sénégalaise le 4 août 2006, sans en informer les autorités françaises. En conséquence, le décret de naturalisation a été rapporté par le Premier ministre le 4 janvier 2018, au motif que la naturalisation avait été obtenue sur la base d'informations mensongères. M. A... a demandé l'annulation de ce décret pour excès de pouvoir, mais sa requête a été rejetée.
Arguments pertinents
1. Dissimulation de la situation familiale : M. A... a sciemment omis de déclarer son mariage, ce qui constitue une fraude. Le Conseil d'État a souligné que l'autorité administrative peut prendre en compte la situation familiale pour apprécier la résidence en France, et que le mariage célébré au Sénégal était opposable en France.
2. Engagement sur l'honneur : M. A... avait pris un engagement sur l'honneur de signaler tout changement dans sa situation personnelle. Le Conseil d'État a noté qu'il ne pouvait ignorer la portée de cet engagement, étant donné sa maîtrise de la langue française.
3. Application des délais légaux : Le rapport du décret de naturalisation a été effectué dans le délai de deux ans suivant la découverte de la fraude, conformément à l'article 27-2 du Code civil, ce qui a été jugé conforme à la législation.
Interprétations et citations légales
1. Conditions de naturalisation : Selon le Code civil - Article 21-16, "Nul ne peut être naturalisé s'il n'a en France sa résidence au moment de la signature du décret de naturalisation." Cette disposition implique que la situation familiale de l'intéressé est cruciale pour déterminer son centre d'intérêts en France.
2. Rapport de naturalisation : L'article 27-2 du Code civil stipule que "Les décrets portant acquisition, naturalisation ou réintégration peuvent être rapportés sur avis conforme du Conseil d'Etat dans le délai de deux ans à compter de leur publication au Journal officiel si le requérant ne satisfait pas aux conditions légales." Cela souligne que la fraude ou le mensonge dans les déclarations peuvent justifier le rapport du décret.
3. Dissimulation volontaire : Le Conseil d'État a conclu que M. A... avait volontairement dissimulé son mariage, ce qui a été déterminant dans la décision de rapporter sa naturalisation. La décision a affirmé que "l'intéressé doit être regardé comme ayant volontairement dissimulé le changement de sa situation familiale."
En somme, la décision du Conseil d'État repose sur une interprétation stricte des obligations légales liées à la naturalisation et sur la nécessité d'une transparence totale dans les déclarations faites aux autorités.