Résumé de la décision
La décision porte sur le contentieux entre la SCI "Le lion d'or", la SARL "Le lion d'or" et leurs gérants, M. et Mme B..., contre la commune de Saint-Chély-d'Apcher suite à des travaux de construction d'un espace culturel voisins qui auraient causé des préjudices liés à l'immeuble comprenant un hôtel-restaurant. La Cour administrative d'appel de Marseille, par un arrêt en mars 2019, avait initialement rejeté une partie des demandes des requérants, mais avait condamné la commune à verser des indemnités pour certains préjudices. Le Conseil d'État a cependant admis le pourvoi des requérants concernant l'absence de réponse à des conclusions sur des préjudices liés à la ventilation et à l'ensoleillement, ainsi que sur la demande de démolition d'un mur de l'ouvrage public. Le Conseil d'État a décidé d'annuler l'arrêt contesté dans ces aspects et a renvoyé l'affaire à la cour administrative d'appel pour un nouvel examen.
Arguments pertinents
Les juges du Conseil d'État ont fondé leur décision sur plusieurs principes juridiques importants :
1. Omission de statuer : Les juges ont observé que les conclusions des requérants concernant le préjudice lié à la ventilation et aux travaux d'ensoleillement n'avaient pas été examinées par la cour d'appel. Ils ont indiqué que : « M. B... et autres sont, par suite, fondés à demander l'annulation de l'arrêt dans cette mesure. » Ceci souligne l'obligation des juridictions de statuer sur chaque demande présentée.
2. recevabilité des conclusions de démolition : Le Conseil d'État a également contredit le raisonnement de la cour d'appel qui avait estimé que la demande de démolition du mur était irrecevable car présentée à titre accessoire. Le Conseil a affirmé que « les conclusions à fin de démolition [...] pouvaient l'être indifféremment [...] à l'appui de conclusions à fin d'indemnisation pour faute ou sans faute », confirmant ainsi qu'il était possible d'arguer d'une demande de démolition de manière autonome.
3. Indemnisation prévue par la loi : En vertu de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, le Conseil d'État a décidé qu'une indemnité devait être versée par la commune aux requérants, prescrivant que : « [...] la commune de Saint-Chély-d'Apcher versera une somme de 3 000 euros à M. B... et autres. »
Interprétations et citations légales
Cette décision implique des interprétations des principes de responsabilité administrative et des obligations des juridictions administratives. Les éléments clés de la décision peuvent être interprétés comme suit :
1. Responsabilité administrative : En matière de dommages causés par des travaux publics, la responsabilité de la commune peut être engagée tant sur le fondement de la responsabilité sans faute que de la responsabilité pour faute. La cour a précisé que : « [...] les conclusions à fin de démolition, qui n'étaient pas présentées à titre autonome, pouvaient l'être indifféremment [...] à l'appui de conclusions à fin d'indemnisation... ». Cela souligne la souplesse des recours possibles en matière administrative devant les juridictions compétentes.
2. Omission de statuer : Il est impératif que les juridictions examinent l'ensemble des conclusions présentées par les parties et statuent sur chacune d'elles. Le Conseil d'État a rappelé cette obligation : « [...] les juges d'appel se sont prononcés sur divers chefs de préjudice écartés comme hypothétiques, ils ne se sont pas prononcés sur la demande d'indemnisation... ».
3. Indemnisation : La décision réaffirme les principes de l'indemnisation des préjudices causés par les ouvrages publics, en précisant que des dommages doivent être réparés conformément aux dispositions légales. Conformément à l'article L. 761-1 du Code de justice administrative : « [...] les condamnations à payer une somme d'argent pour les frais exposés par une partie dans l'instance ».
Cette analyse met en lumière la rigueur des procédures devant les juridictions administratives et l'importance de la reconnaissance des préjudices subis par les citoyens dans le cadre de constructions publiques.