Résumé de la décision
La décision concerne une demande de M. C... visant à modifier un décret de naturalisation par lequel il a acquis la nationalité française le 8 février 2016, afin d’y faire figurer le nom de ses enfants. Le ministre de l'intérieur avait initialement refusé cette demande, arguant que les enfants ne résidaient pas habituellement avec leur père à la date du décret. Toutefois, lors de l'examen de la requête, le juge a constaté que l'argument initial était inexact, mais que M. C... ne pouvait néanmoins pas bénéficier de cette modification car l'un de ses enfants était majeur à la date du décret et qu'il n'avait pas informé l'administration de l'existence de ses enfants durant la procédure de naturalisation. En conséquence, la requête de M. C... a été rejetée.
Arguments pertinents
1. Condition de résidence et minorité : La décision a souligné que selon le Code civil - Article 22-1, pour qu'un enfant mineur devienne français de plein droit du fait de l’acquisition de nationalité par un des parents, il doit avoir la même résidence habituelle que ce parent. La cour a noté que, bien que l'administration ait initialement invoqué un motif erroné de non-résidence, il était établi que le fils de M. C... vivait avec lui à la date du décret.
2. Substitution de motifs : Le juge a admis que même si l'administration avait utilisé un motif erroné, elle pouvait présenter un nouveau motif légal, à savoir que le fils de M. C... était devenu majeur à la date du décret. Cette substitution a été acceptée, car elle ne privait pas M. C... de garanties procédurales.
3. Communication de l'existence de l'enfant : La décision a aussi conclu que M. C... n'avait pas informé l'administration de l'existence de l'enfant D... B... avant la signature du décret, ce qui constitue une condition essentielle pour l'acquisition de la nationalité par l'enfant. Il n'a fourni aucune preuve justifiant son incapacité à faire connaître cette information.
4. Résidence de l'enfant F... : Enfin, concernant l'enfant F..., il a été établi que celui-ci résidait chez sa mère à la date du décret, ce qui exclut la possibilité qu'il puisse être considéré comme résidant habituellement chez M. C..., indépendamment de la pension alimentaire versée par ce dernier.
Interprétations et citations légales
1. Sur l'acquisition de nationalité d'un enfant mineur :
- Code civil - Article 22-1 : « L'enfant mineur dont l'un des deux parents acquiert la nationalité française, devient français de plein droit s'il a la même résidence habituelle que ce parent... »
- Cet article impose de strictes conditions pour la nationalité, notamment l'exigence de résidence au moment de l'acquisition par le parent. L'interprétation de cette disposition a conduit la cour à examiner de près le statut de résidence des enfants concernés.
2. Sur le droit de substitution des motifs :
- Le juge a affirmé que l'administration pouvait substituer un motif approprié à celui initialement erroné, tant que cela n'enfreignait pas les droits procéduraux du requérant. Cela repose sur le principe que la légalité d'une décision peut être soutenue par des motifs différents de ceux énoncés lors de sa prise.
3. Sur l'obligation d'informer l'administration :
- La cour a examiné la nécessité pour M. C... d'informer l'administration de l'existence de ses enfants, ce qui est une condition préalable à la reconnaissance de leur nationalité.
- Cette exigence est confirmée par les textes et vise à éviter des demandes de nationalité incomplètes, ce qui aurait pu fausser la prise de décision de l'administration.
Ainsi, cette décision illustre clairement la rigueur des exigences légales en matière d’attribution de nationalité aux enfants mineurs, ainsi que la flexibilité de l'administration quant aux motifs de ses décisions, tant que les droits procéduraux des individus sont respectés.