Résumé de la décision
La décision concerne l'instruction technique DGPAAT/SDEA/2015068 du 19 janvier 2015, relative aux conditions d'octroi des aides caprines pour la campagne 2015, demandée en annulation par la Confédération paysanne. Le tribunal a constaté que l'instruction a été émise par une autorité incompétente, l'auteur n'ayant pas la capacité juridique de fixer des règles en vertu des règlements en vigueur au moment de l'instruction. Par conséquent, l'instruction a été annulée, et l'État a été condamné à verser une somme de 1 500 euros à la Confédération paysanne.
Arguments pertinents
1. Incompétence de l'autorité émettrice :
L'instruction a été signée par le directeur général des politiques agricoles, mais elle a été jugée règlementaire. Le tribunal a établi que "l'instruction attaquée (...) revêt un caractère réglementaire", et que son auteur "n'avait lui-même pas compétence pour fixer ces règles". Ainsi, l’annulation de cette instruction s’est fondée sur le fait qu’elle avait été émise en dehors des pouvoirs de l’auteur.
2. Application de la réglementation européenne :
Les tâches de mise en œuvre des aides étaient régies par le règlement (UE) n° 1307/2013, qui abroge le règlement (CE) n° 73/2009. Le manque de prise en compte des nouvelles exigences des règlements européens a conduit à l'invalidation de l'instruction. Le tribunal a souligné qu'à la date de l'instruction, le règlement précédent "n'était plus en vigueur".
Interprétations et citations légales
1. Règlement (UE) n° 1307/2013 - Article 52 :
Cet article institue la possibilité pour les États membres d'accorder un soutien couplé, notamment pour certaines productions, ce qui implique que les États membres doivent se conformer aux nouvelles réglementations lors de la création de règles locales. En ce sens, "les Etats membres peuvent accorder un soutien couplé, notamment à la production de viande caprine".
2. Code rural et de la pêche maritime - Article D. 615-44-23 :
Les conditions d'accès aux soutiens spécifiques aux productions animales doivent être définies par un arrêté du ministre : "Un arrêté du ministre chargé de l'agriculture fixe les conditions d'accès aux soutiens spécifiques aux productions animales". L’instruction ne pouvait pas remplacer cet arrêté sans la compétence nécessaire.
3. Décret n° 2005-850 du 27 juillet 2005 - Article 1er :
Ce décret précise que les directeurs d'administration centrale peuvent signer "l'ensemble des actes, à l'exception des décrets, relatifs aux affaires des services placés sous leur autorité". Pourtant, le ministre n'était pas en mesure de prendre des décisions en lien avec d’anciennes réglementations en vigueur, ce qui a conduit à la dévolution de responsabilités et à l’invalidation de creuser davantage sur l'incompétence.
La décision montre l'importance de la compétence légale et du respect des réglementations en vigueur, illustrant qu'une autorité administrative ne peut pas, par simple instruction, prévaloir sur le cadre législatif défini par des normes supérieures.