Résumé de la décision
La Société Coopérative Vinicole (SCV) Les vignerons de Grimaud a contesté un avertissement reçu de la direction régionale de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui l'accusait d'infraction à l'égard des règles d'étiquetage des produits vitivinicoles. Le tribunal administratif de Toulon a rejeté la demande de la SCV, estimant qu'elle était portée devant une juridiction incompétente. Toutefois, la cour administrative d'appel de Marseille a annulé ce jugement mais a rejeté la demande de la SCV, ce qui a entraîné un pourvoi en cassation devant le Conseil d'État. Le Conseil a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, estimant que l'avertissement constituait bien un acte faisant grief susceptible de recours, et a renvoyé l'affaire devant la cour administrative d'appel tout en condamnant l'État à verser une somme de 3 000 euros à la SCV au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Qualification de l'acte faisant grief : Le Conseil d'État souligne que l'avertissement adressé à la SCV en raison d'une possible infraction à l'étiquetage constitue un acte faisant grief. Il établi que la cour administrative d'appel a commis une erreur en qualifiant cet avertissement d'acte non susceptible de recours. Selon le Conseil, "cet avertissement ne pouvait être regardé comme un acte faisant grief susceptible de recours", ce qui va à l'encontre des principes de la protection des droits des administrés.
2. Droits de la SCV : En reconnaissant que la SCV est fondée à demander l'annulation de l'article 2 de l'arrêt contesté, le Conseil d'État protège le droit de la SCV à un recours effectif contre les actes de l’administration, renforçant ainsi la légitimité de ses actions dans le cadre de ses activités vitivinicoles.
Interprétations et citations légales
La décision s'articule autour de plusieurs textes de loi et principes juridiques :
- Décret n° 2012-655 du 4 mai 2012 : Ce décret régit l'étiquetage et la traçabilité des produits vitivinicoles. Il précise les obligations de conformité pour les producteurs et impose des sanctions en cas de manquement. Dans ce contexte, l'avertissement reçu par la SCV visait sa conformité à ces normes.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article prévoit que l'Etat peut être condamné à payer une somme au titre des frais exposés dans le cadre d'un recours contre une décision administrative. Dans la présente décision, il a été décidé que "l'État versera la somme de 3 000 euros à la SCV Les vignerons de Grimaud au titre de l'article L. 761-1".
Ainsi, le Conseil d'État souligne le droit à un recours effectif contre les décisions administratives, garantissant ainsi la protection des droits des citoyens face aux abus potentiels de l'administration. Cette décision, en mettant en lumière l'importance de l'acte faisant grief, réaffirme la prérogative des administrés à contester les décisions qui pourraient affecter leur activité professionnelle.