Résumé de la décision
Dans cette affaire, la société Veolia Transport Sverige, dont le siège social est situé en Suède, a demandé le remboursement d’un crédit de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) déductible d’un montant de 800 240 euros pour l’année 2008. L'administration fiscale a rejeté cette demande en raison du manque de production de l'original de la facture requise par la législation fiscale française. La société a formé un pourvoi en cassation contre l'arrêt de la cour administrative d'appel de Versailles qui avait confirmé le rejet. Le Conseil d'État a finalement annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, en estimant que cette dernière n'avait pas correctement évalué la nécessité de l'obligation de production de l'original de la facture au regard des principes de proportionnalité et de neutralité de la TVA.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a mis en avant plusieurs points juridiques essentiels dans sa décision :
1. Principe de proportionnalité : La cour a souligné que les obligations formelles imposées par l'administration fiscale ne doivent pas excéder ce qui est nécessaire pour atteindre l'objectif de la perception correcte de la TVA. Comme mentionné dans la décision : "les obligations formelles imposées afin d'assurer l'exacte perception de la taxe sur la valeur ajoutée et d'éviter la fraude ne doivent pas aller au-delà de ce qui est nécessaire."
2. Cas exceptionnels : Le Conseil d'État a rappelé qu'il est possible de ne pas exiger la production d'un original de facture dans des situations exceptionnelles, où l’absence de ce document n’est pas imputable au contribuable et où aucune fraude n’est à craindre : "le droit dérivé devant respecter les principes généraux de droit et, notamment, le principe de proportionnalité".
3. Jugement de faits : La cour a également opté pour un examen plus attentif des faits particuliers de l'affaire, indiquant que, malgré le non-respect apparent de l’obligation de production, la demande de remboursement était justifiée par des éléments probants confirmant la réalité de la transaction.
Interprétations et citations légales
Plusieurs textes de la législation européenne et française ont été appliqués dans cette décision. Voici une analyse plus approfondie de ces textes :
- Directive 77/388/CEE et Directive 79/1072/CEE : Ces directives établissent un cadre pour le remboursement des crédits de TVA par les assujettis établis hors de France, stipulant des conditions précises pour la soumission de demandes de remboursement.
- Code général des impôts - Article 242-0 Q : La version en vigueur en 2008 stipule que "le remboursement doit être demandé au service des impôts avant la fin du sixième mois suivant l'année civile au cours de laquelle la taxe est devenue exigible", imposant les documents justificatifs nécessaires pour cette procédure.
- Récit de la jurisprudence : Le Conseil d'État s'est référé à la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes, en particulier l’arrêt 361/96 du 11 juin 1998, soulignant qu’une exigence de preuve excessive pourrait enfreindre les principes fondamentaux associés à la TVA.
Ainsi, cette décision illustre une application stricte du droit, tout en intégrant des valeurs juridiques fondamentales comme la proportionnalité et la neutralité, essentielles pour un système fiscal juste et équitable.