Résumé de la décision
M. B... A..., ancien économe du diocèse d'Ajaccio et exécuteur testamentaire de Mgr D... C..., conteste des rectifications d'impôt établies par l'administration fiscale concernant les années 1999, 2000 et 2002. Il a été reconnu coupable de détournements de fonds des finances du diocèse et de la succession de Mgr C... La cour administrative d'appel de Marseille a rejeté son appel, ce que M. A... conteste en se pourvoyant en cassation. La décision de la Cour de cassation est de rejeter son pourvoi, confirmant que M. A... était correctement imposable et que l'administration a respecté les délais de reprise applicables.
Arguments pertinents
1. Sur le délai de reprise : La Cour souligne que l'article L. 170 du livre des procédures fiscales permet à l'administration de reprendre des impositions même si le délai de droit commun est expiré en cas d'omissions révélées par des instances judiciaires. La cour a rejeté le raisonnement de M. A... selon lequel le délai de reprise spécial ne serait pas applicable si le délai de droit commun n'était pas encore écoulé, affirmant que cela ne peut être considéré qu'une simple erreur de droit.
> "Ces dispositions [...] s'appliquent que les délais de reprise de droit commun prévus à l'article L. 169 du même livre soient ou non expirés."
2. Sur les revenus imposables : En tant qu'exécuteur testamentaire, M. A... possédait des fonds dont il avait la disposition, mais la cour a établi que ces fonds ne peuvent pas être considérés comme ses revenus imposables de l'année 1999, mais seulement lors des détournements effectués en 2000 et 2002.
> "Par suite, en jugeant que M. A... était imposable à l'impôt sur le revenu [...] au titre des années 2000 et 2002 au cours desquelles il a effectivement procédé à des détournements de fonds à son profit..."
Interprétations et citations légales
1. Article L. 170 du livre des procédures fiscales : Cet article stipule les possibilités d'investigation de l'administration fiscale et le cadre temporel dans lequel elle peut agir en cas de litige, et précise que le délai de reprise peut aller jusqu'à dix ans si des omissions sont révélées par une instance en cours.
> "Même si les délais de reprise prévus à l'article L. 169 sont écoulés, les omissions ou insuffisances d'imposition révélées par une instance [...] peuvent être réparées par l'administration des impôts jusqu'à la fin de l'année suivant celle de la décision qui a clos l'instance."
2. Articles 1025 et suivants du Code civil : Ils traitent des responsabilités des exécuteurs testamentaires, donnant à M. A... le pouvoir de gérer la succession, mais indiquant également que cela ne lui confère pas le droit de retenir des fonds comme revenus.
La décision rappelle que même si M. A... avait la capacité de gérer des fonds dans le cadre de son rôle, cela n'implique pas une exonération de son obligation fiscale sur les sommes détournées :
> "cette circonstance n'implique pas que les fonds en question doivent être regardés comme des revenus imposables entre les mains de M. A..."
En somme, la décision souligne le respect des normes fiscales et la prise en compte des délits de détournement de fonds, encadrés par des articles spécifiques, et conclut à la légitimité des impositions aux conséquences de la mauvaise gestion de M. A... dans son rôle d'exécuteur testamentaire.