Résumé de la décision
La décision concerne une requête de la Confédération générale du travail (CGT) visant à annuler le décret du 29 décembre 2017 relatif à l'abondement du compte personnel de formation des salariés licenciés après avoir refusé une modification de leur contrat de travail résultant d'un accord d'entreprise. La CGT soutenait que l'article L. 2254-2 du code du travail était incompatible avec la directive 98/59/CE du Conseil, qui régit les licenciements collectifs. Toutefois, le tribunal a rejeté cette argumentation, considérant que l'article contesté ne régissait pas directement les procédures de licenciement collectif et que son opposition à la directive était donc inopérante. Par conséquent, la CGT n'a pas été fondée à demander l'annulation du décret.
Arguments pertinents
1. Inapplicabilité de l'exception : Le tribunal a souligné que la CGT ne pouvait pas critiquer le décret en invoquant l'incompatibilité de l'article L. 2254-2 avec la directive, car les dispositions contestées ne concernaient pas directement la procédure de licenciement, mais des mesures relatives à l'indemnisation des salariés licenciés.
> "La contrariété d'une disposition législative aux stipulations d'un traité international ou au droit de l'Union européenne ne peut utilement être invoquée à l'appui de conclusions dirigées contre un acte réglementaire que si ce dernier a été pris pour son application ou si elle en constitue la base légale."
2. Distinction des dispositions : Le tribunal a établi que les dispositions du VI de l'article L. 2254-2 sont disjointes de celles qui régissent le licenciement, et ne peuvent donc pas être utilisées pour fonder une contestation de la procédure de licenciement collectif.
> "Or, les dispositions du VI de l'article L. 2254-2 du code du travail sont étrangères à la procédure de licenciement, qui est régie par les seules dispositions de la seconde phrase du V, dont elles sont divisibles."
Interprétations et citations légales
Cette décision s'appuie principalement sur l'interprétation des articles du code du travail et de la directive européenne :
1. Points centraux du Code du Travail :
- Code du travail - Article L. 2254-2 : Cet article définit les conditions sous lesquelles un accord d'entreprise peut modifier certains éléments du contrat de travail, y compris les modalités de licenciement. Il précise par ailleurs que les salariés peuvent se voir opposer un licenciement pour refus de cet accord, lequel est reconnu comme une cause réelle et sérieuse de licenciement par la loi.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article interdit de faire supporter à l'État les frais d’une procédure lorsque celui-ci n'est pas la partie perdante.
2. Directives Européennes :
- Directive 98/59/CE : La CGT a essayé d'établir une opposition entre l'article L. 2254-2 et les dispositions protectrices de la directive sur les licenciements collectifs, mais le tribunal a jugé que le contexte d'application de la directive n'était pas concerné par le cas.
En conclusion, la décision souligne les limites d'application des dispositions relatives aux licenciements dans un cadre de modification des contrats de travail stipulées par des accords d'entreprise, stabilisant ainsi le cadre législatif en faveur d'une flexibilité dans la gestion des ressources humaines au sein des entreprises.