Résumé de la décision
La décision porte sur une plainte déposée par Mme A... à l'encontre de M. C..., professeur et praticien hospitalier, suite à des interventions chirurgicales réalisées en 2010 et 2011. Après que la chambre disciplinaire de première instance a rejeté cette plainte, la chambre disciplinaire nationale a annulé cette décision, imposant une sanction à M. C... d'interdiction d'exercer la médecine pour une durée de trois mois, dont deux avec sursis. En revanche, le Conseil d’État a annulé la décision de la chambre disciplinaire nationale, invoquant une irrecevabilité de la plainte, et a ordonné le renvoi de l'affaire devant cette dernière instance, sans que M. C... soit tenu de supporter des frais judiciaires.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la plainte : Le Conseil d’État a souligné que, selon le Code de la santé publique - Article L. 4124-2, seules certaines autorités peuvent porter plainte contre un médecin pour des actes réalisés dans le cadre de ses fonctions publiques. Mme A..., n'appartenant pas à cette liste, rendait la plainte irrecevable pour les faits relatifs à l'opération chirurgicale.
> "Lorsque l'auteur d'une plainte dirigée contre un praticien chargé d'un service public n'est pas au nombre des personnes limitativement énumérées par cet article, cette plainte n'est recevable qu'en tant qu'elle se rapporte à des actes qui n'ont pas été accomplis par ce praticien à l'occasion de sa fonction publique".
2. Erreurs de la chambre disciplinaire nationale : En ne reconnaissant pas cette irrecevabilité et en se basant sur des griefs liés à des actes accomplis dans le cadre de la fonction publique, la chambre disciplinaire nationale a entaché sa décision d'une erreur de droit.
> "Les omissions reprochées dans le recueil du consentement relatif à cette opération et dans l'information de sa patiente sur les actes effectués lors de la même opération ont le caractère d'actes accomplis à l'occasion de sa fonction publique".
3. Absence de frais à la charge des parties : Le Conseil d’État a décidé que M. C... ne devait pas supporter de frais, étant donné qu'il n'était pas la partie perdante, et a également refoulé la demande de condamnation à frais contre le conseil départemental de la Ville de Paris, qui n'était pas partie au litige.
> "Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme soit mise à la charge de M. C... qui n'est pas la partie perdante dans la présente instance".
Interprétations et citations légales
La décision implique une interprétation stricte des dispositions de l'article L. 4124-2, qui détermine les conditions dans lesquelles un médecin peut être sanctionné pour des actes en lien avec sa fonction publique. Ainsi, la doctrine jurisprudentielle s’affirme que :
- Une plainte contre un médecin pour des actes réalisés dans le cadre de la fonction publique doit être introduite par les autorités désignées par la loi, sans quoi elle est jugée irrecevable.
Cette jurisprudence contribue à la protection des médecins exerçant au sein d'établissements publics, garantissant ainsi que les plaintes soient formulées par ceux qui sont explicitement habilités à le faire.
De plus, le renvoi de l’affaire devant la chambre disciplinaire nationale, après annulation de sa décision initiale, souligne l’importance d’un examen rigoureux des procédures disciplinaires et l’impact des principes de séparation des pouvoirs dans le domaine médical.
Les références à des articles spécifiques comme le Code de la santé publique - Article L. 4124-2 et le Code de justice administrative - Article L. 761-1 témoignent d’une application rigoureuse des textes en vigueur, affirmant ainsi l'importance de respecter les procédures établies et les droits des praticiens au sein du système de santé.