Résumé de la décision
La décision porte sur une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) transmise par le tribunal administratif de Rouen concernant la conformité des articles L. 4721-1 et L. 4721-2 du Code du travail à la Constitution. Ces articles permettent à l'inspecteur du travail de mettre en demeure un employeur de remédier à une situation dangereuse, et, en cas de non-respect, de dresser un procès-verbal. Le Conseil d'État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer la question au Conseil constitutionnel car les dispositions contestées ne présentent pas un caractère sérieux.
Arguments pertinents
1. Absence de caractère de sanction : La décision précise que ni la mise en demeure prévue par l'article L. 4721-1 ni le procès-verbal de l'inspecteur du travail selon l'article L. 4721-2 n'ont le caractère d'une sanction en eux-mêmes. Ainsi, la requérante ne peut pas invoquer une méconnaissance du principe de légalité des délits et des peines car ces dispositions ne constituent pas une sanction, mais une mesure de sécurité.
- Citation pertinente : "ni cette mise en demeure, ni le procès-verbal que peut dresser l'inspecteur du travail [...] ne revêtent, par eux-mêmes, le caractère d'une sanction".
2. Recours en droit commun : Il est rappelé que les mises en demeure sont susceptibles de recours devant le juge administratif. Le Conseil d'État soutient que la requérante peut faire appel à la justice, ce qui exclut l'argument selon lequel l'absence de recours suspensif constituerait une violation du principe de sécurité juridique.
- Citation pertinente : "les mises en demeure prononcées [...] sont susceptibles de faire l'objet des voies de recours de droit commun devant le juge administratif".
3. Intelligibilité et accessibilité de la norme : La question qui a été soulevée concernant l'intelligibilité de la norme, bien qu'importante, n'avait pas été soumise au tribunal administratif. Le Conseil d'État souligne que cette question ne peut être présentée pour la première fois au stade du Conseil d'État, ce qui limite sa portée. La méconnaissance de l'objectif d'intelligibilité ne constitue pas une base suffisante pour une QPC.
- Citation pertinente : "cette question, qui n'a pas été soumise au tribunal administratif, ne peut être présentée pour la première fois au Conseil d'Etat".
Interprétations et citations légales
- Code du travail - Article L. 4721-1 : Cet article établit les conditions dans lesquelles le directeur régional peut mettre en demeure un employeur, s'il y a un non-respect des principes généraux de prévention ou des obligations de santé et sécurité au travail, soulignant l'importance de la prévention des risques.
- Code du travail - Article L. 4721-2 : Cet article élargi le rôle de l'inspecteur du travail qui peut dresser un procès-verbal si les exigences de la mise en demeure ne sont pas respectées, illustrant ainsi le mécanisme de contrôle et de sécurité des travailleurs.
Cette décision de ne pas renvoyer la question au Conseil constitutionnel inscrite dans le cadre des dispositions législatives citées montre une interprétation rigoureuse des critères posés par l'ordonnance n° 58-1067, particulièrement en ce qui concerne le caractère sérieux et nouveau de la question posée. Le Conseil d'État se montre prudent dans l'examen de la conformité des normes à la Constitution, respectant les prérogatives de législation du parlement tout en garantissant la protection des droits des travailleurs.