Résumé de la décision
Cette décision concerne le cas de Mme A..., adjointe administrative principale à la commune de Bordeaux, qui a demandé sa mise à la retraite au bénéfice d'une pension de retraite pour carrière longue à partir du 1er janvier 2020. Suite à un arrêté du 16 juillet 2019, elle a été admise à ce bénéfice. Cependant, Mme A... a par la suite demandé le retrait de cet arrêté par un courrier du 18 novembre 2019, requête qui a été rejetée par une décision du maire en date du 2 décembre 2019. En janvier 2020, Mme A... a saisi le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux qui a suspendu l'exécution de l'arrêté du 16 juillet et de la décision de refus. La commune a alors formé un pourvoi en cassation. Le Conseil d'État, après examen, a annulé l'ordonnance du juge des référés en constatant l'irrecevabilité de la demande de suspension, car l'arrêté avait été entièrement exécuté à la date de la saisine.
Arguments pertinents
1. Irrecevabilité de la demande de suspension : Le Conseil d'État a jugé que la demande de suspension de l'exécution de l'arrêté devait être rejetée, car l'arrêté du 16 juillet 2019 avait déjà produit tous ses effets en plaçant Mme A... en position de retraite. Ainsi, "l'arrêté attaqué avait été entièrement exécuté à la date de saisine du juge des référés."
2. Erreur de droit du juge des référés : Le tribunal a souligné que la juge des référés a commis une erreur de droit en ne reconnaissant pas l'irrecevabilité de la demande de suspension. Cela aurait dû donc entraîner l'annulation de l'ordonnance. Le Conseil d'État a affirmé que "la juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux, saisie dans ces conditions d'une demande de suspension...", a eu tort de statuer sur cette demande.
3. Clarté de la décision sur les articles de loi : Les décisions du Conseil d'État reposent sur la législation pertinente, notamment l'article L. 521-1 du code de justice administrative, qui conditionne la suspension d'une décision administrative à l'existence d'un moyen créant un "doute sérieux" sur la légalité de la décision.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs articles de loi ont été appliqués :
- Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article stipule que "le juge des référés, saisi d'une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision [...] lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision." Cet article renforce l'idée que, pour qu'une suspension soit accordée, il doit y avoir une incertitude sur la légalité de l'acte administratif contesté.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article détermine les conditions dans lesquelles les frais de justice peuvent être pris en charge. Dans le cas présent, tant la demande de Mme A... que celle de la commune de Bordeaux ont été rejetées, ce qui confirme qu'aucune des parties n'a droit à un remboursement des frais engagés.
Conclusion : À travers cette décision, le Conseil d'État a mis en évidence l'importance de l'exécution des actes administratifs. Il a également clarifié que la vérification de l'urgence et de la légalité est essentielle avant d'accorder une suspension, affirmant ainsi la rigueur nécessaire dans la saisine des juges des référés.