Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. B..., vétérinaire inspecteur contractuel, a été licencié par un arrêté du 3 août 2018 pour insuffisance professionnelle. Il a ensuite formé un recours gracieux contre cette décision, qui a été implicitement rejeté. M. B... a saisi le juge des référés du tribunal administratif de Nantes pour demander la suspension de l'exécution de ces décisions, mais sa demande a été rejetée pour défaut d'urgence. En appel, le juge des référés a annulé l'ordonnance du tribunal administratif, ordonnant la suspension de l'arrêté de licenciement et la décision de rejet du recours gracieux, tout en reconnaissant l'urgence de la situation de M. B... et en soulevant un doute sérieux quant à la légalité de la décision de licenciement.
Arguments pertinents
1. Urgence de la situation : Le juge des référés a constaté que l'exécution de l'arrêté de licenciement réduisait les ressources de M. B... d'environ 45 %, entraînant un bouleversement de ses conditions d'existence. Cela a été jugé suffisant pour établir l'urgence requise par l'article L. 521-1 du code de justice administrative.
2. Doute sérieux quant à la légalité : M. B... a soulevé un moyen selon lequel ses comptes rendus d'entretien d'évaluation n'étaient pas présents dans son dossier individuel, ce qui l'a empêché de prendre connaissance des éléments ayant conduit à son licenciement. Le juge a considéré que cela créait un doute sérieux quant à la légalité de l'arrêté de licenciement.
3. Erreur de droit : Le juge des référés a reconnu que le tribunal administratif avait commis une erreur de droit en exigeant de M. B... qu'il prouve des dépenses précises de la vie courante, alors qu'un agent public licencié n'est pas tenu de fournir de telles précisions pour établir l'urgence.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que le juge des référés peut ordonner la suspension d'une décision administrative lorsque l'urgence le justifie et qu'il existe un moyen créant un doute sérieux quant à la légalité de la décision. La décision souligne que "lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision", la suspension peut être ordonnée.
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article permet au juge de condamner l'État à verser une somme pour les frais exposés par le requérant. Dans cette affaire, il a été décidé que l'État devait verser à M. B... la somme de 3 000 euros pour couvrir ses frais, ce qui est conforme à la pratique en matière de contentieux administratif.
3. Interprétation de l'urgence : La décision met en lumière que l'urgence ne doit pas être interprétée de manière restrictive, surtout dans le cas d'un licenciement qui prive un agent public de ses ressources. Le juge a affirmé que "la condition d'urgence exigée par l'article L. 521-1 doit être regardée comme remplie", soulignant ainsi l'importance de la situation financière du requérant.
En conclusion, cette décision illustre l'importance de la protection des droits des agents publics face à des décisions administratives potentiellement illégales, tout en clarifiant les critères d'urgence et de légalité dans le cadre des référés administratifs.