Résumé de la décision
La décision concerne un litige entre M. A... B..., maître de conférences à l'université de Nantes, et cette dernière, ainsi que la ministre de l'enseignement supérieur, suite à une sanction disciplinaire infligée à M. B... pour ses agissements lors d'une manifestation d'étudiants le 18 juin 2018. La section disciplinaire de l'université a décidé d'un retard à l'avancement d'échelon de six mois. M. B... a demandé un sursis à l'exécution de cette sanction, qui a été accordé par le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER). L'université de Nantes et la ministre ont alors formé un pourvoi en cassation contre cette décision. La Cour a annulé la décision du CNESER, considérant qu'elle était insuffisamment motivée.
Arguments pertinents
1. Insuffisance de motivation : La Cour a relevé que le CNESER n'a pas suffisamment motivé sa décision en ne précisant pas quel moyen de la requête était considéré comme sérieux. La décision a simplement mentionné que "les explications du conseil de Monsieur A... B... ont convaincu les juges d'appel", sans indiquer le moyen spécifique qui justifiait le sursis. Cela a empêché le juge de cassation d'exercer son contrôle, ce qui constitue une violation des exigences de motivation des décisions administratives.
> "En statuant ainsi, sans indiquer le moyen de la requête qui lui paraissait sérieux, le Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche a insuffisamment motivé sa décision et n'a pas mis à même le juge de cassation d'exercer son contrôle."
2. Absence de mise à charge des frais : La Cour a également décidé qu'il n'y avait pas lieu de mettre à la charge de M. B... les frais demandés par l'université de Nantes, en vertu de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, ce qui souligne une certaine protection des droits de l'individu dans le cadre des procédures administratives.
Interprétations et citations légales
1. Code de l'éducation - Article R. 232-34 : Cet article stipule que la demande de sursis à exécution doit être présentée par requête distincte et que le sursis peut être accordé si les moyens présentés semblent sérieux. La Cour a interprété cet article comme imposant une obligation de motivation claire et précise de la part du CNESER lorsqu'il accorde un sursis.
> "Le sursis peut être prononcé si les moyens présentés dans la requête paraissent sérieux et de nature à justifier l'annulation ou la réformation de la décision attaquée."
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article prévoit que les frais exposés par une partie peuvent être mis à la charge de l'autre partie, sauf si la situation l'exige. La décision de la Cour de ne pas imposer de frais à M. B... reflète une interprétation favorable à la protection des droits des agents publics dans le cadre de procédures disciplinaires.
> "Il n'y a pas lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de M. B... la somme que l'université de Nantes demande au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative."
En conclusion, la décision met en lumière l'importance de la motivation des décisions administratives et la protection des droits des individus dans le cadre des procédures disciplinaires au sein des établissements d'enseignement supérieur.