Résumé de la décision
M. B..., employé par la commune de Lagny-sur-Marne sous une succession de cinquante-six contrats à durée déterminée (CDD) de 2000 à 2011, a contesté le caractère abusif de ces contrats et a demandé réparation des préjudices liés à l'interruption de sa relation d'emploi suite à un refus de renouvellement de son dernier contrat. Le tribunal administratif de Melun a accordé une indemnité de 1 000 euros, mais la cour administrative d'appel a rejeté son appel pour le surplus de sa demande. M. B... s'est pourvu en cassation. Le Conseil d'Etat, reconnaissant une erreur de droit dans l'analyse de la cour, a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel et renvoyé l'affaire pour réexamen.
Arguments pertinents
1. Caractère abusif des CDD : Le Conseil d'Etat précise que si la loi autorise les collectivités à recourir à des CDD, un renouvellement abusif de ces contrats peut justifier une indemnisation. Il évoque la nécessité d'examiner "l'ensemble des circonstances de fait", notamment "la nature des fonctions exercées, le type d'organisme employeur ainsi que le nombre et la durée cumulée des contrats en cause".
2. Erreur de droit dans l'analyse de la cour : La cour administrative d'appel a commis une erreur en ne tenant pas compte des éléments clairs concernant un éventuel renouvellement abusif. Le Conseil d'Etat souligne que "sans rechercher si, comme le soutenait M. B..., le renouvellement de contrats à durée déterminée présentait un caractère abusif, la cour a commis une erreur de droit".
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 : Cette loi régit les dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale. L'article 3 de cette loi, en particulier, établit que les collectivités territoriales peuvent recruter des agents non titulaires par CDD pour des remplacements temporaires ou saisonniers, ce qui créé une base pour évaluer la légitimité de l'utilisation de CDD successifs.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Ce texte stipule que dans tous les cas, la perte auditive d’une partie doit être compensée par l’autre partie, ce qui justifie l'allocation de 2 000 euros à l'avocat de M. B... pour les frais de justice, malgré le bénéfice de l'aide juridictionnelle : "Il est dit que les frais irrépétibles seront réclamés à la partie perdante".
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991, Article 37 : Cet article permet également de cumuler les demandes de frais, légitimant ainsi la décision d'octroyer des dommages-intérêts pour couvrir les frais engagés par M. B... pour son avocat, tant que celui-ci renonce à percévoir la part contributive de l'Etat.
Ces textes, ensemble, montrent que l'évaluation du caractère abusif des CDD doit se fonder sur des circonstances factuelles, et que la possibilité d'indemnisation en cas de rupture abusive de la relation d'emploi est une protection pour les agents non titulaires.