Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi formé par l'université Grenoble Alpes et la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation contre une décision du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) rendue le 10 juillet 2018. Dans cette décision, le CNESER avait annulé une sanction disciplinaire prononcée initialement par le conseil académique de l'université, infligeant à M. B..., professeur d'université, une interdiction d'exercer pendant huit mois en raison de propos déplacés à connotation sexuelle. Le Conseil d'État a annulé la décision du CNESER, considérant qu'il avait commis une erreur de droit en qualifiant les agissements de M. B... comme relevant de la liberté académique.
Arguments pertinents
1. Évaluation de la faute : Le CNESER a jugé que les propos de M. B... étaient dans le cadre de son enseignement et ne dépassaient pas les limites de la liberté académique. Cependant, le Conseil d'État a estimé que ces propos constituaient des comportements inappropriés et humilients envers des étudiants, dénotant une atteinte à leur dignité.
> "En jugeant qu'un tel agissement [...] pouvait bénéficier de la protection de la liberté d'expression [...] le CNESER a inexactement qualifié les faits qui lui étaient soumis et a commis, par suite, une erreur de droit."
2. Conséquences de l’annulation : Le Conseil d'État a annulé la décision du CNESER sans préjudice d'autres conclusions et renvoie l'affaire au CNESER pour réexamen, établissant une démarche d’équité et de respect des procédures disciplinaires.
Interprétations et citations légales
Dans son analyse, le Conseil d'État cite les dispositions pertinentes du Code de l'éducation et du Code de justice administrative. Parmi les articles notables, l'article L. 952-2 du Code de l'éducation témoigne de la dualité entre la protection de la liberté d'expression des enseignants-chercheurs et le respect de la dignité des étudiants.
- Code de l'éducation - Article L. 952-2 : Cet article stipule que les enseignants-chercheurs bénéficient d'une liberté académique. Cependant, il est impératif de déduire que cette liberté ne doit pas compromettre le droit des étudiants à un environnement d'apprentissage respectueux.
L’interprétation de ce texte par le Conseil d'État souligne l'importance de maintenir un équilibre entre la liberté académique et la protection des étudiants contre des comportements abusifs. Les juges du fond doivent donc diligemment examiner les faits à la lumière des principes assignés par la loi lorsque des sanctions sont envisagées.
Ainsi, le Conseil d'État a rappelé que la liberté académique ne se substitue pas à l’obligation d'un comportement professionnel conforme aux normes éthiques et déontologiques en milieu éducatif.