Résumé de la décision
La décision concerne des questions prioritaires de constitutionnalité soulevées par M. D... à l'encontre de certaines dispositions du code de la santé publique, en particulier l'article L. 4124-6. M. D... soutenait que ces dispositions méconnaissaient les principes constitutionnels de légalité et d'individualisation des peines, garantis par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Cependant, le Conseil d'État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer ces questions au Conseil constitutionnel, considérant qu'elles ne présentaient pas un caractère sérieux.
Arguments pertinents
1. Applicabilité et pertinence des questions : Le Conseil d'État a examiné si les dispositions contestées étaient applicables et si la question posée était nouvelle ou sérieuse. La décision a conclu que les dispositions de l'article L. 4124-6 ne traitaient pas des obligations de motivation des juges en matière disciplinaire, ce qui a été jugé inopérant au regard des arguments de M. D...
2. Motivation des décisions disciplinaires : Le Conseil d'État a mis en avant que l'article L. 4124-7 du code de la santé publique impose aux juridictions disciplinaires de motiver leurs décisions, ce qui répond à l'exigence de motivation des jugements. Il a été précisé :
- "Il appartient au juge disciplinaire de motiver sa décision en énonçant les motifs pour lesquels il retient l'existence d'une faute disciplinaire ainsi que la sanction qu'il inflige", ce qui assure une certaine protection des droits des médecins concernés.
3. Absence de nouveauté et de caractère sérieux : La Cour a conclu que les questions soulevées par M. D... n'étaient pas nouvelles et n'avaient pas de caractère sérieux, d'où le refus de renvoyer au Conseil constitutionnel.
Interprétations et citations légales
1. Ordonnance n° 58-1067 - Article 23-5 : C’est au regard de cet article que le Conseil est compétent pour examiner des questions prioritaires de constitutionnalité. Il dispose que "le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé y compris pour la première fois en cassation".
2. Code de la santé publique - Article L. 4124-6 : Les dispositions de cet article établissent les sanctions pouvant être infligées aux médecins, sans se prononcer spécifiquement sur l'obligation de motivation des jugements.
3. Code de la santé publique - Article L. 4124-7 et L. 4122-3 : Ces articles stipulent explicitement que "les décisions des juridictions disciplinaires doivent être motivées", établissant ainsi l’exigence de justification des sanctions, mais sans obliger le juge à expliquer chaque déviation de la première instance à l’appel.
En somme, le Conseil d'État a reconnu que les infractions aux principes constitutionnels imaginées par M. D... n’étaient pas fondées, d'une part parce que les textes en question n'imposaient pas la motivation requise, et d'autre part car les conclusions précédentes avaient déjà été établies, ne laissant pas place à une nouvelle évaluation sérieuse de la question.