Résumé de la décision
La décision concerne M. B..., qui a subi une coloscopie avec complications en décembre 2008. Après avoir demandé la responsabilité des Hospices civils de Lyon pour défaut d'information sur les risques encourus, un jugement du tribunal administratif de Lyon a refusé cette responsabilité. M. B... a fait appel en demandant l'annulation de ce jugement uniquement sur la question de l'indemnisation de son préjudice d'impréparation. Le Conseil d'État a annulé le jugement en considérant qu'il y avait eu une erreur de droit dans l'exigence de preuve du préjudice d'impréparation et a renvoyé l'affaire au tribunal administratif de Lyon tout en accordant à M. B... la somme de 3 500 euros au titre des frais judiciaires.
Arguments pertinents
1. Droit à l'information : L'article L. 1111-2 du Code de la santé publique stipule que "toute personne a le droit d'être informée sur son état de santé" et sur les risques liés aux traitements. Cette obligation inclut l'information sur les risques graves ou fréquents attendus suite à une intervention médicale.
2. Préjudice d'impréparation : La décision souligne qu'indépendamment de la perte d'une chance de refuser l'intervention en cas de non-information, un manquement de la part des médecins à leur obligation d'information ouvre droit à réparation lorsque les risques se réalisent. Le Conseil d'État a précisé qu'il appartient au patient d'établir l'ampleur du préjudice subi, mais la souffrance morale résultant de la surprise liée aux conséquences de l'intervention doit être présumée.
> "La souffrance morale qu'il a endurée lorsqu'il a découvert, sans y avoir été préparé, les conséquences de l'intervention doit, quant à elle, être présumée."
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État a interprété l'article L. 1111-2 du Code de la santé publique comme établissant un droit fondamental du patient à être dûment informé des risques de tout acte médical. Le jugement du tribunal administratif de Lyon a été jugé erroné car il a exigé de M. B... qu'il prouve non seulement l'existence du préjudice mais également son ampleur, ce qui a été considéré comme une interprétation restrictive et erronée de la jurisprudence en matière d’impréparation :
- Code de la santé publique - Article L. 1111-2 : Cet article s'articule autour de l'obligation de l'information et des conséquences d'un éventuel défaut d'information.
La décision met en lumière la nécessité de prendre en compte les enjeux d'information et de consentement éclairé dans le cadre des soins médicaux et la protection des droits des patients. Ainsi, le jugement du tribunal administratif a été annulé en raison de l’interprétation erronée du droit à réparation du préjudice d'impréparation, réaffirmant que le devoir d’information des professionnels de santé est une condition sine qua non de la relation de confiance patient-médecin.