Résumé de la décision
La décision rendue par le Conseil d'État, le 9 mars 2022, concerne la résolution n° 2018-08 du 28 juin 2018, adoptée par le conseil d'administration de l'Office national des forêts (ONF), qui a été annulée pour excès de pouvoir à la demande du syndicat de la filière bois. L'annulation de cette résolution est rétroactive mais, après avoir examiné les circonstances, le Conseil d'État a décidé de ne pas en limiter les effets ni de reporter la date d'effet de l'annulation, estimant qu'il n'y avait pas de conséquences manifestement excessives à cette annulation. Les demandes de frais présentées par le syndicat de la filière bois ont également été rejetées.
Arguments pertinents
1. Annulation et effet rétroactif : L'annulation d'un acte administratif entraîne en principe son effet rétroactif. Cependant, le juge administratif peut prendre en compte des conséquences excessives engendrées par cet effet. Le Conseil d'État précise : "il appartient au juge administratif (...) d'apprécier, en rapprochant ces éléments, s'ils peuvent justifier qu'il soit dérogé au principe de l'effet rétroactif des annulations contentieuses."
2. Intérêt général et conséquences : La réglementation annulée visait à préserver la filière de transformation du bois de chêne. Malgré la possibilité d'une nouvelle réglementation, le Conseil d'État a constaté que "les éléments qu'ils apportent ne sont pas de nature à établir que l'effet rétroactif de cette annulation emporterait des conséquences manifestement excessives".
3. Droit des justiciables : Le Conseil a souligné l'importance du droit des justiciables à un recours effectif, qui pourrait être compromis par une limitation des effets de l'annulation. Il conclut qu'il n'y a pas lieu de différer les effets de l'annulation, affirmant que "les inconvénients que présenterait, au regard du principe de légalité et du droit des justiciables à un recours effectif, une limitation dans le temps des effets de l'annulation" font pencher la balance vers la non-application d'un report des effets.
Interprétations et citations légales
1. Code forestier : La décision fait référence à des dispositions introduites dans le code forestier par la loi n° 2021-1104 du 22 août 2021. Cela souligne l'importance de la législation en matière de gestion des forêts, tout en indiquant que le cadre légal et réglementaire est en cours d'évolution.
2. Loi n° 2021-1104 du 22 août 2021 : Cette loi aborde la lutte contre le dérèglement climatique et la résilience face à ses effets. Le Conseil relève que l'élaboration de nouvelles réglementations nécessite du temps et une concertation, ce qui justifie les conséquences de l'annulation.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Ce texte est mentionné en relation avec les demandes de frais. Le Conseil a décidé qu'il n'y a pas lieu de mettre à la charge de l'ONF les frais demandés, affirmant que "dans les circonstances de l'espèce", une condamnation sur ce fondement n'était pas justifiée.
À travers cette décision, le Conseil d'État rappelle l'importance de l'équilibre entre la protection des intérêts particuliers et la préservation de l'intérêt général, tout en veillant au respect des principes de légalité et des droits des justiciables.