Résumé de la décision
L'association FNE AURA a demandé l'annulation d'un décret du 3 juillet 2018 qui modifie la durée de prorogation des autorisations de défrichement, passant de trois à cinq ans. Le Conseil d'État a examiné la légalité externe et interne du décret. Il a conclu que le décret était conforme aux exigences légales et n'avait pas d'impact significatif sur l'environnement. Par conséquent, la requête de l'association a été rejetée.
Arguments pertinents
1. Légalité externe du décret : Le Conseil d'État a jugé que le décret attaqué n'avait pas besoin d'être précédé d'une consultation du Conseil d'État, car il ne s'agissait pas d'un décret en Conseil d'État. L'association requérante n'a pas réussi à prouver l'irrégularité du décret sur ce point.
> "Par suite, l'association requérante n'est pas fondée à soutenir que le décret attaqué serait irrégulier faute d'avoir été précédé de la consultation du Conseil d'État."
2. Impact environnemental : Le décret ne modifie pas les caractéristiques des opérations de défrichement et ne crée pas d'effets directs et significatifs sur l'environnement. Ainsi, il n'était pas nécessaire de procéder à une évaluation environnementale ou à une participation du public.
> "Dans ces conditions, le décret attaqué ne peut être regardé comme ayant, par lui-même, des effets directs et significatifs sur l'environnement."
3. Conformité avec les directives européennes : Le Conseil d'État a affirmé que la prorogation d'une autorisation déjà délivrée ne nécessite pas une nouvelle évaluation environnementale, conformément à la directive 2011/92/UE.
> "Les obligations d'évaluation environnementale et de participation du public qu'elle prévoit s'imposent préalablement à la délivrance d'une autorisation relative à un tel projet et ne concernent pas la prorogation de la validité d'une autorisation déjà délivrée."
4. Principe de non-régression : Le décret ne viole pas le principe de non-régression en matière de protection de l'environnement, car il ne modifie pas la consistance des opérations de défrichement antérieurement autorisées.
> "Ce seul fait n'implique pas une violation du principe de non-régression en matière de protection de l'environnement."
Interprétations et citations légales
1. Code forestier - Article L. 341-3 : Cet article fixe la durée de validité des autorisations de défrichement, qui a été modifiée par le décret du 10 juin 2015 pour être déterminée par décret.
2. Code de l'environnement - Article L. 123-19-1 : Cet article définit les conditions de participation du public et précise que certaines décisions n'ont pas d'impact significatif sur l'environnement, ce qui a été utilisé pour justifier l'absence de consultation publique pour le décret.
> "Ne sont pas regardées comme ayant une incidence sur l'environnement les décisions qui ont sur ce dernier un effet indirect ou non significatif."
3. Directive 2011/92/UE : Cette directive stipule que les obligations d'évaluation environnementale s'appliquent avant la délivrance d'une autorisation, et non lors de la prorogation d'une autorisation existante.
4. Directive 2014/52/UE : Elle précise que les dispositions antérieures demeurent applicables pour les projets ayant engagé une procédure d'évaluation environnementale avant une certaine date, renforçant ainsi l'idée que la prorogation ne nécessite pas une nouvelle évaluation.
> "Aucune disposition de la directive 2014/52/UE ne subordonne la prorogation d'une autorisation délivrée à la suite d'une procédure d'évaluation environnementale engagée avant cette date à la réalisation d'une nouvelle évaluation conforme aux règles résultant de cette directive."
En conclusion, le Conseil d'État a validé le décret en question, considérant qu'il respectait les exigences légales et n'avait pas d'impact significatif sur l'environnement, tout en s'appuyant sur des interprétations précises des textes de loi applicables.