Résumé de la décision
La ville de Paris a dû se pourvoir en cassation contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Paris qui avait annulé un titre exécutoire émis contre la société Coste Royale pour le recouvrement d'une somme de 14 744,39 euros, correspondant aux frais de travaux d'office réalisés en raison de l'insalubrité d'un immeuble dont la société était copropriétaire au moment de la mise en demeure. La Cour a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, arguant qu'une créance née de l'exécution d'office des mesures administratives peut être imposée à un propriétaire même s'il n'est plus copropriétaire au moment du jugement, et a renvoyé l'affaire à la cour administrative d'appel de Paris.
Arguments pertinents
1. Obligation de payer des travaux d'office : La cour administrative d'appel a commis une erreur de droit en annulant le titre exécutoire à l'encontre de la société Coste Royale sur la base du fait qu'elle n'était plus copropriétaire au moment de l'arrêt. En effet, "la collectivité qui, s'étant substituée au propriétaire ou aux copropriétaires défaillants, [...] est en droit de rendre débitrice de la créance qu'elle détient la personne qui a la qualité de propriétaire ou de copropriétaire de l'immeuble à la date d'expiration du délai imparti par la mise en demeure d'exécuter les travaux."
2. Pas de compensation demandée : Bien qu'il y ait eu une demande de remboursement de frais de justice par la ville de Paris au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, la cour a décidé qu'il n'y avait pas lieu de faire droit à cette demande dans les circonstances de l'affaire.
Interprétations et citations légales
- Code de la santé publique - Article L. 1331-29 : Cet article stipule que si un propriétaire ne réalise pas les mesures prescrites dans un arrêté d'insalubrité, il peut être mis en demeure de les réaliser dans un délai d'un mois. En cas d'inefficacité de cette mise en demeure, des mesures peuvent être exécutées d'office.
- Code de la santé publique - Article L. 1331-30 : Ce texte précise que lorsque l'autorité administrative agit en remplacement du propriétaire défaillant, elle peut recouvrer les frais engagés comme en matière de contributions directes, soulignant la responsabilité du copropriétaire à la date d'expiration de la mise en demeure.
- Code de la santé publique - Article R. 1331-9 : Cet article indique que la créance de la collectivité publique pour les frais d'exécution d'office des mesures doit inclure le coût de toutes les interventions nécessaires pour assurer la sécurité et la salubrité du bâtiment.
Ces articles montrent une compréhension claire de l'obligation et de la responsabilité des copropriétaires en cas d'insalubrité, laquelle s'applique non seulement au moment de la mise en demeure, mais peut également être maintenue même après un changement de la propriété. La décision clarifie ainsi que la responsabilité financière des travaux peut rester attachée à la personne copropriétaire à la période où la mise en demeure était émise, indépendamment de son statut actuel.