Résumé de la décision
La Cour administrative d’appel de Paris a été amenée à examiner le cas de Mme B..., qui a subi des préjudices suite à une intervention chirurgicale en 2005. Après avoir prononcé un jugement en faveur de Mme B..., fixant les réparations à 487 679,41 euros, la cour a été informée, juste avant une audience, du décès de Mme B.... Toutefois, la cour n'a pas rouvert l'instruction pour prendre en compte cette nouvelle circonstance. En conséquence, l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (ONIAM) a introduit un pourvoi, qui a été accueilli. L'arrêt du 19 février 2019 a été annulé, l'affaire a été renvoyée à la cour, et aucune somme n'a été mise à la charge de l’ONIAM ni de M. A... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Rôle du juge administratif : La décision souligne que le juge administratif a la capacité de rouvrir l'instruction lorsqu'il reçoit de nouvelles productions qui n'ont pas pu être présentées avant la clôture de l'instruction. Cela est particulièrement pertinent lorsque ces éléments peuvent influencer le jugement de l'affaire, comme le décès de Mme B... qui modifie l'évaluation de ses préjudices.
> "Il lui appartient, dans tous les cas, de prendre connaissance de cette production avant de rendre sa décision et de la viser."
2. Circconstance influente : Le juge a estimé que le décès de Mme B... était une circonstance de fait que ses ayants droits n'avaient pas pu présenter à temps, ce qui nécessitait une réouverture de l'instruction.
> "Le décès de Mme B... devait [...] être regardé comme n'ayant pu être invoqué par ses ayants droits avant la clôture de l'instruction."
3. Annulation de l'arrêt et renvoi : La cour a conclu que l’absence de réouverture de l'instruction a conduit à une irrégularité, entraînant ainsi l'annulation de l'arrêt de la cour administrative d'appel.
> "Par suite, en s'abstenant de rouvrir l'instruction, la cour a entaché son arrêt d'irrégularité."
Interprétations et citations légales
1. Rouverture d'instruction : Le jugement interprète l'article R. 613-2 du Code de justice administrative, qui régit la clôture de l'instruction et la possibilité pour le juge d'admettre des éléments nouveaux. Cette interprétation prend en compte l'équité et l'intérêt des parties, qui doivent pouvoir se défendre sur la base de toutes les informations pertinentes.
> Code de justice administrative - Article R. 613-2 : "L'instruction d'une affaire est close lorsque, par une décision de la juridiction, elle a été déclarée terminée."
2. Droit à un procès équitable : La décision renvoie également à des principes généraux de droit, fondés sur le droit à un procès équitable et le respect des droits de la défense, impliquant que les parties doivent pouvoir présenter toutes les preuves susceptibles d'influencer le jugement.
> Principes généraux : "Il appartient au juge de veiller à ce que la partie puisse faire valoir ses droits et présenter toutes les preuves nécessaires."
3. Frais de justice : La décision de ne pas imposer des frais à l’ONIAM ou à M. A... repose sur l'évaluation de leur statut respectif dans le litige, considérant que l’ONIAM n'est pas la partie perdante dans cette instance.
> Code de justice administrative - Article L. 761-1 : "La partie perdante est condamnée aux dépens ainsi qu'à une somme au titre des frais de justice."
Cette analyse met en lumière les fondements juridiques qui ont abouti à l'annulation de l'arrêt contesté et précise les implications de la décision pour la suite de la procédure judiciaire.