Résumé de la décision
La décision en question concerne une requête présentée par la société Groupe Canal Plus et la société C8, suite à la sanction pécuniaire de 3 millions d'euros imposée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à cause d'une séquence de l'émission "Touche pas à mon poste" diffusée le 18 mai 2017. Cette séquence mettait en scène des propos intimes, obtenus sans le consentement des personnes concernées. Après un témoignage relayé dans les médias, qui s'est avéré inexact, les sociétés requérantes ont demandé le retrait de la sanction, ce que le CSA a rejeté. Le Conseil d'État a confirmé cette décision, en situant la sanction dans le cadre des obligations légales d'une émission télévisée.
Arguments pertinents
1. Nature de la sanction :
La sanction de 3 millions d'euros a été prononcée en vertu des dispositions de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986, vis-à-vis d'un manquement aux obligations légales de la société C8. Le Conseil d'État a affirmé que la sanction ne reposait que sur le contenu de l’émission, indépendamment des conséquences sociales, même si ces dernières avaient été mises en avant par un témoignage ultérieurement infirmé.
> « la sanction prononcée ne reposait que sur le contenu de cette émission et non sur ses conséquences supposées ».
2. Rejet de l'argumentation sur des faits inexacts :
Même si les sociétés requérantes ont soulevé que le témoignage relayé était mensonger, le Conseil d'État a établi que cela n’affectait pas le fondement de la sanction.
> « les sociétés requérantes ne sont, par suite, pas fondées à soutenir que la sanction dont elles demandaient le retrait a, à raison du caractère mensonger de ce récit, été prise sur le fondement de faits matériellement inexacts ».
3. Délibération de la décision du CSA :
Le Conseil d'État a confirmé que la décision du CSA avait été correctement délibérée et qu’il n'y avait pas de motif juridique pour l'annulation.
> « a bien été délibérée par le collège du CSA lors de sa réunion du 3 avril 2019 ».
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 - Article 42 :
Cet article définit les pouvoirs du CSA en matière de mise en demeure et de sanctions à l'encontre des éditeurs et distributeurs de services de communication audiovisuelle. La mise en demeure est conditionnée par la nécessité de respecter les obligations légales.
> « Les éditeurs et distributeurs de services de communication audiovisuelle peuvent être mis en demeure de respecter les obligations qui leur sont imposées par les textes législatifs et réglementaires ».
2. Loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 - Article 42-1 :
Cet article précise les sanctions possibles dont le CSA dispose, en fonction de la gravité des manquements, dont une sanction pécuniaire en cas de non-respect des mises en demeure.
> « le Conseil supérieur de l'audiovisuel peut prononcer à son encontre, compte tenu de la gravité du manquement [...] une sanction pécuniaire ».
Ces articles établissent le cadre juridique permettant au CSA de sanctionner les manquements, et en l'espèce, le Conseil d'État a interprété ces dispositions comme justifiant la sanction infligée à la société C8.