Résumé de la décision
La décision analysée concerne un pourvoi en cassation contre un jugement du tribunal administratif de Montpellier qui avait rejeté les demandes d'annulation de deux arrêtés délivrés par le maire de Montpellier, accordant des permis de construire pour une résidence destinée aux personnes âgées. Le Conseil d'État a déclaré que le tribunal administratif avait commis une insuffisance de motivation en ne répondant pas à un moyen soulevé par les requérants relatif à l'insertion du projet dans son environnement, en violation de l'article R. 111-27 du code de l'urbanisme. En conséquence, le Conseil d'État a annulé le jugement du tribunal administratif et a renvoyé l'affaire devant celui-ci.
Arguments pertinents
1. Sur la compétence du Conseil d'État : Le Conseil d'État a établi que le jugement attaqué n'était pas susceptible d'appel, ce qui lui confère une compétence pour connaître du pourvoi. La décision repose sur l'article R. 811-1-1 du code de justice administrative, qui stipule que les tribunaux administratifs statuent en premier et dernier ressort pour certains types de recours. Le Conseil d'État précise : « ...une résidence destinée à héberger de façon durable des personnes âgées doit être regardée comme ayant le caractère d'un bâtiment à usage principal d'habitation... »
2. Sur les fins de non-recevoir : Le Conseil d'État a affirmé que les requérants avaient la qualité pour agir, étant les auteurs de la demande rejetée, et qu'en raison de leur proximité avec le projet de construction, ils avaient un intérêt à poursuivre l'action.
3. Sur la motivation insuffisante du tribunal administratif : Le Conseil a noté que le tribunal n’avait pas répondu à l'argument des requérants relatif à l'impact du projet sur le caractère des lieux avoisinants, ce qui constitue une insuffisance de motivation du jugement. Il est stipulé que « ...le tribunal n'a pas répondu à ce moyen, qui n'était pas inopérant. Son jugement est, en conséquence, entaché d'insuffisance de motivation. »
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article R. 811-1-1 : Cet article détermine le ressort des tribunaux administratifs en matière de permis de construire. Le Conseil d'État a utilisé ce texte pour établir sa compétence à connaître du pourvoi, en indiquant que les tribunaux administratifs statuent « ...sur les recours contre les permis de construire ou de démolir... lorsque le bâtiment est implanté en tout ou partie sur le territoire d'une des communes mentionnées à l'article 232 du code général des impôts. »
2. Code de l'urbanisme - Article R. 111-27 : Cet article est essentiel pour analyser les impacts visuels et environnementaux des projets de construction. Le Conseil d'État a relevé que le tribunal administratif a omis de répondre à l'argument des requérants sur la préservation des perspectives monumentales, indiquant ainsi que cette omission constitue une violation des obligations de motivation.
3. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article prévoit la possibilité de mettre à la charge d'une partie une somme à titre d'honoraires d'avocat. Le Conseil d'État a décidé que les deux défendeurs, la commune de Montpellier et la société Thérésianum Carmélites, devaient verser 300 euros chacun aux requérants, indiquant « ... les dispositions de cet article font obstacle à ce que soit mise à la charge des requérants... la somme que demande, au même titre, la commune de Montpellier. »
Cette décision illustre l'importance d'une motivation complète et appropriée de la part des juges administratifs, tout en clarifiant la compétence du Conseil d'État dans certaines affaires de droit public.