Résumé de la décision
La décision porte sur le pourvoi en cassation de M. D..., qui contestait un arrêt de la cour administrative d’appel de Nantes. Cette cour avait rejeté son appel concernant la demande d’indemnisation pour des préjudices qu’il a attribués à la vaccination obligatoire contre l’hépatite B, que M. D... a reçue pendant son service militaire. La haute juridiction a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, en jugeant que celle-ci avait commis une erreur de droit en n'examinant pas correctement le lien de causalité entre la vaccination et les troubles de santé de M. D.... Elle a renvoyé l’affaire à la cour pour qu’elle examine de nouveau la question des responsabilités et a également condamné l’État à verser 3 000 euros au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
L'un des points centrales de la décision est l'examen du lien de causalité entre la vaccination et les troubles de santé de M. D... Le Conseil d'État a souligné une erreur de droit de la cour administrative d’appel, en déclarant :
> "Pour écarter toute responsabilité de la puissance publique, il appartenait à la cour, non pas de rechercher si le lien de causalité entre l'administration d'adjuvants aluminiques et les différents symptômes attribués à la myofasciite à macrophages était ou non établi, mais de s'assurer, au vu du dernier état des connaissances scientifiques en débat devant elle, qu'il n'y avait aucune probabilité qu'un tel lien existe."
Cela met en lumière que, pour établir la responsabilité de l'État, il ne suffit pas d'affirmer qu'aucun lien de causalité n'est scientifiquement établi, mais que l'État doit prouver l'absence de probabilité d'un tel lien.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur le principe juridique selon lequel la charge de la preuve d’un lien de causalité incombe à l’administration dans le cadre de litiges individuels concernant les vaccinations obligatoires. Coupant court à une interprétation stricte de l’absence de preuve de lien, elle impose une obligation à l’administration d’évaluer l’ensemble des circonstances, notamment des délais d’apparition des symptômes vis-à-vis de la vaccination.
La décision invoque également l'article L.761-1 du Code de justice administrative, qui stipule que “les frais exposés par une partie dans une instance devant une juridiction administrative peuvent être remboursés par l’autre partie”. Cela permet de justifier la condamnation de l'État à verser 3 000 euros à M. D... en raison des frais engagés pour son recours.
En résumé, cette décision illustre un ajustement dans l'approche judiciaire relative à la preuve du lien de causalité dans le domaine des vaccinations et l'obligation de l'administration d'évaluer non seulement l'absence de lien mais aussi les probabilités de sa présence.