Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. B..., gynécologue obstétricien, a été suspendu de ses fonctions de praticien hospitalier par le directeur du centre hospitalier de Périgueux en raison de faits de harcèlement et de tensions avec ses collègues. M. B... a contesté cette suspension en se pourvoyant en cassation après que le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux ait rejeté sa demande de suspension de l'exécution de cette décision. Le Conseil d'État a confirmé la décision du tribunal administratif, indiquant que la suspension de M. B... était justifiée par des circonstances exceptionnelles compromettant la sécurité des patients et la continuité du service.
Arguments pertinents
1. Pouvoir de suspension du directeur d'hôpital : Le directeur d'un centre hospitalier a la capacité, dans des circonstances exceptionnelles, de suspendre un praticien dans l'intérêt de la sécurité des patients et de la continuité du service. Il est précisé que "le directeur d'un centre hospitalier... peut également, dans des circonstances exceptionnelles où sont mises en péril la continuité du service et la sécurité des patients, décider de suspendre les activités cliniques et thérapeutiques d'un praticien hospitalier".
2. Appréciation souveraine du juge : Le juge des référés a exercé une appréciation souveraine des éléments présentés, et sa décision est justifiée par "la gravité et la fréquence des faits de harcèlement qui lui étaient reprochés" ainsi que par l'augmentation des incidents dans l'établissement. Cela justifie le rejet de la demande de M. B..., car "le moyen tiré de ce que la condition de mise en péril de la continuité du service et de la sécurité des patients n'aurait pas été remplie n'était pas de nature à faire naître un doute sérieux".
Interprétations et citations légales
La décision repose sur plusieurs textes de loi :
1. Code de la santé publique - Article L. 4113-14 : Cet article permet le recours au directeur général de l'Agence Régionale de Santé pour suspendre un médecin dont l'exercice constituerait un danger grave pour les patients. Toutefois, cet article précise que le directeur d'hôpital peut également prendre des mesures spécifiques dans des cas exceptionnels.
2. Code de la santé publique - Article L. 6143-7 : Il dispose que le directeur d'un centre hospitalier exerce son autorité sur l'ensemble du personnel et peut donc suspendre un praticien dans des circonstances exceptionnelles, à condition d'en référer ensuite aux autorités compétentes.
La décision du Conseil d'État se fonde sur le principe que la préservation de la sécurité des patients et de la continuité du service prime sur la position individuelle du praticien, en tenant compte des circonstances particulières de chaque cas. Cela souligne la prérogative du directeur d'hôpital dans la gestion des ressources humaines médicales, notamment lorsqu'il est question de la sécurité des patients. Ainsi, il est confirmé que les décisions administratives peuvent être motivées par des considérations de sécurité publique, et que le juge des référés dispose d'une large marge d'appréciation dans ce domaine.