Résumé de la décision
La décision concerne M. B..., qui a été reconnu prioritaire pour un relogement d'urgence par la commission de médiation de Paris en août 2013 en raison de son absence de logement. En janvier 2016, n'ayant reçu aucune offre de relogement, il a saisi le tribunal administratif de Paris pour obtenir réparation des préjudices subis du fait de cette carence. Le tribunal a rejeté sa demande. M. B... s'est pourvu en cassation. Le Conseil d'État a annulé le jugement du tribunal administratif, reconnaissant la faute de l'État pour ne pas avoir respecté son obligation de relogement et a ordonné au tribunal de réexaminer le cas. De plus, il a condamné l'État à payer 2 000 euros à l'avocat de M. B... au titre des frais juridiques.
Arguments pertinents
1. Responsabilité de l'État : La carence de l'État à exécuter la décision de relogement constitue une faute engageant sa responsabilité. Comme stipulé, "lorsqu'une personne a été reconnue comme prioritaire ... la carence fautive de l'État ... engage sa responsabilité à l'égard du seul demandeur".
2. Préjudice ouvrant droit à réparation : Le tribunal a conclu que la situation dans laquelle M. B... se trouvait ne pouvait pas être qualifiée d'anormale, invalidant ainsi sa demande d'indemnisation. Le Conseil d'État a contourné cela, affirmant au contraire que "les troubles dans les conditions d'existence [..] doivent être appréciés en fonction des conditions de logement qui ont perduré."
3. Invalidation du jugement : Le Conseil d'État a statué qu'il était en erreur de droit d'avoir conclut à l'absence de préjudice indemnisable au seul motif que M. B... était hébergé par un tiers, soulignant que "la situation ayant motivé la décision de la commission perdurait".
Interprétations et citations légales
Interprétation des textes de loi :
- En vertu de l'article L. 441-2-3 du Code de la construction et de l'habitation, lorsqu'une personne est reconnue prioritaire pour un relogement, l'État a l'obligation d'agir dans un délai imparti, et la faute de l'État à ce sujet constitue un manquement à cette obligation.
- Le Code de la justice administrative - Article L. 761-1 prévoit que toute personne ayant obtenu gain de cause dans un procès puisse se voir rembourser ses frais de justice par la partie perdante, dans ce cas, l'État.
- La loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 stipule également que les avocats pouvant établir des frais de justice peuvent demander cette compensation, ce qui justifie la décision de condamner l'État à verser 2 000 euros à l'avocat de M. B....
Dans ses conclusions, le Conseil d'État a donc requalifié l'analyse du tribunal en établissant que "la carence, constitutive d'une faute de nature à engager la responsabilité de l'État, ne causait à l'intéressé aucun préjudice indemnisable" était une conclusion erronée. Ainsi, il a ouvert la voie à une interprétation élargie des conditions de logement amenées par la carence de l'État, insistant sur que M. B... avait effectivement droit à réparation.