Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. et Mme C... ont demandé au tribunal administratif de Cergy-Pontoise de condamner l'État à les indemniser pour les préjudices résultant du rejet par le préfet des Hauts-de-Seine de leur demande de concours de la force publique pour l'exécution d'un jugement d'expulsion. Par jugement du 28 juin 2017, le tribunal a reconnu la responsabilité de l'État mais a limité l'indemnisation à une somme de 3 379,44 euros pour les pertes de loyers subies entre le 28 octobre 2014 et le 28 février 2015. Les requérants ont contesté ce jugement, en particulier son rejet des conclusions concernant les frais d'huissier et les pertes de loyers après le 1er mars 2015. Le Conseil d'État a annulé le jugement pour ces deux motifs et a ordonné à l'État de verser 2 500 euros aux requérants au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Omission de statuer sur les frais d'huissier : Le tribunal a méconnu les demandes de M. et Mme C... concernant l'indemnisation pour les frais d'intervention des huissiers. Le Conseil d'État a jugé que "le jugement attaqué doit être annulé en tant qu'il omet de se prononcer sur ces conclusions", ce qui constitue un manquement procédural.
2. Réparation des pertes de loyers : Le tribunal administratif a refusé d'accorder des indemnités au titre des pertes de loyers pour la période postérieure au 1er mars 2015 en raison de l'absence de "pièces justificatives". Toutefois, le Conseil d'État a souligné que le tribunal aurait dû exercer ses pouvoirs d'instruction, déclarant qu' "il était constant que l'occupation irrégulière du logement avait perduré pendant cette période", ce qui montre une erreur dans l'appréciation des preuves à sa disposition.
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État s'appuie sur plusieurs articles de loi essentiels :
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que, dans les litiges relevant des juridictions administratives, la partie perdante est tenue de verser une somme à l’autre partie pour couvrir les frais non compris dans les dépens. La décision ordonne à l'État de verser 2 500 euros, en raison de la responsabilité reconnue qui engage l'État en cas de préjudices subis par des particuliers du fait d'une décision administrative.
- Code des procédures civiles d'exécution : Bien que cet article ne soit pas explicitement cité, son contexte régule l'exécution des décisions judiciaires, ce qui est au cœur de la demande de M. et Mme C... concernant le concours de la force publique.
La décision du Conseil d'État met en lumière des principes fondamentaux du droit administratif, notamment l'obligation pour le juge d'instruction de ne pas se limiter aux éléments fournis par les parties sans explorer toutes les possibilités pour évaluer le préjudice, et l'importance de garantir une indemnisation adéquate en cas de responsabilité juridique engagée par l'État.