Résumé de la décision
La décision concerne un recours en référé introduit par M. J... et autres contre un arrêté du maire de Noves qui avait accordé un permis de construire à M. L... et Mme P... pour la construction d'une maison d'habitation. Les requérants ont sollicité la suspension de l'exécution de ce permis, mais leurs demandes ont été rejetées par le tribunal administratif de Marseille dans deux ordonnances distinctes. Ils se sont ensuite pourvus en cassation devant le Conseil d'État, qui a annulé les ordonnances précédemment rendues et a suspendu l'exécution du permis de construire, considérant que l'urgence était satisfaite et qu'il existait un doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée.
Arguments pertinents
1. Condition d'urgence : Le Conseil d'État a rappelé que la condition d'urgence doit être présumée satisfaite en vertu de l'article L. 600-3 du code de l'urbanisme lorsqu'un recours est formé contre un permis de construire. Ainsi, il s'est opposé à l'argument du juge des référés selon lequel l'imminence des travaux devait être prouvée. La cour a constaté une erreur de droit dans le raisonnement du juge en ce qui concerne l'appréciation de l'urgence.
Citation pertinente : « En statuant ainsi, alors qu'il résulte des dispositions […] de l'article L. 600-3 du code de l'urbanisme que la condition d'urgence devait être présumée satisfaite, le juge des référés a commis une erreur de droit. »
2. Erreur manifeste d’appréciation : Le Conseil d'État a identifié un doute sérieux quant à la légalité de la délivrance du permis de construire. En effet, le maire aurait dû surseoir à statuer sur cette demande, au regard des orientations du futur plan local d’urbanisme, qui prévoyait l'interdiction des constructions dans la zone concernée en raison du risque d’incendie.
Citation pertinente : « [Le maire], en décision ne pas surseoir à statuer sur la demande de permis […] a commis une erreur manifeste d'appréciation, [ce qui est] de nature [...] à créer un doute sérieux sur la légalité de la décision contestée. »
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article L. 521-1 : Cet article permet au juge des référés de suspendre l'exécution d'une décision administrative en cas de doute sérieux quant à sa légalité, une condition essentielle pour l'application du droit.
Texte légal pertinent : « Quand une décision administrative, même de rejet, faite l'objet d'une requête en annulation […] le juge des référés [peut] ordonner la suspension de l'exécution de cette décision […] lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen propre à créer, en l'état de l'instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision. »
- Code de l'urbanisme - Article L. 600-3 : La présomption d'urgence est particulièrement pertinente dans le cadre des recours en référé contre les permis de construire. Cet article stipule qu'elle est présumée satisfaite, facilitant ainsi le recours des particuliers opposés à des projets de construction.
Texte légal pertinent : « Un recours dirigé contre un permis de construire [...] ne peut être assorti d'une requête en référé suspension que jusqu'à l'expiration du délai fixé pour la cristallisation des moyens soulevés […] La condition d'urgence prévue à l'article L. 521-1 du code de justice administrative est présumée satisfaite. »
En conclusion, cette décision illustre l'importance de la protection des droits des tiers face à des décisions administratives concernant l'urbanisme, et souligne le rôle du juge des référés en matière de suspension de l'exécution de décisions contestées.