Résumé de la décision
M. B... a déposé une requête le 3 juin 2018 devant le tribunal administratif de Montreuil, demandant la délivrance d'un certificat d'immatriculation provisoire du ministre de l'Intérieur. Cette requête a été rejetée par un juge des référés, qui a également infligé à M. B... une amende pour recours abusif. Après que le certificat a été effectivement délivré le 18 juillet 2018, M. B... a formé un pourvoi contre cette ordonnance. La décision du Conseil d'État a rejeté les conclusions liées au certificat, les qualifiant de dépourvues d'objet, mais a annulé l'amende pour recours abusif, considérant que la demande de M. B... n'était pas abusive. De plus, l'État a été condamné à verser 3 000 euros à l'avocat de M. B... en application des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative et de l'article 37 de la loi du 10 juillet 1991.
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Arguments pertinents
1. Délivrance du certificat : Le Conseil d'État a constaté que le certificat d'immatriculation provisoire demandé avait été délivré le 18 juillet 2018, rendant sans objet les conclusions du pourvoi à ce sujet. Cela met en évidence la dynamique temporelle des recours administratifs et souligne l'importance d'agir rapidement. La décision précise : « les conclusions du pourvoi dirigées contre l'ordonnance attaquée en tant qu'elle a refusé d'enjoindre au ministre de délivrer un tel certificat, présentées après cette délivrance, doivent être regardées comme dépourvues d'objet ».
2. Recours abusif : Le Conseil d'État a annulé l’amende infligée à M. B... pour recours abusif, en indiquant que la demande initiale était légitime et fondée sur une situation urgente et peu réactive de l'administration. Il a constaté que M. B... avait diligenté plusieurs demandes sans obtenir de réponse adéquate. Le juge des référés a inexactement qualifié sa demande d’abusive.
3. Droits de l'avocat : En reconnaissant la prise en charge des frais d'avocat, le Conseil d'État a invoqué le droit à l’aide juridictionnelle, soulignant que le recours à un avocat était en adéquation avec la portée de la demande initiale de M. B... et qu'il était justifié de se voir allouer une indemnité. La décision note : « son avocat peut se prévaloir des dispositions des articles L. 761-1 du code de justice administrative et 37 de la loi du 10 juillet 1991 ».
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Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article L. 521-3 : Cet article permet de demander des mesures de référé pour obtenir des injonctions en cas d'urgence. Dans cette affaire, M. B... a exercé son droit en sollicitant une injonction à l'encontre de l'administration. La décision du Conseil a illustré l’importance de ce mécanisme dans la protection des droits des administrés face à une lenteur administrative.
2. Code de justice administrative - Article R. 741-12 : Cet article stipule que le juge peut infliger des amendes en cas de recours abusif, mais le Conseil d'Etat a jugé, dans ce cas, que « eu égard à l'objet de la requête de M. B... et aux moyens qui y étaient développés », l'ordonnance initiale du juge des référés était erronée.
3. Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 : Cet article traite de la prise en charge des frais par l'État dans le cadre de l'aide juridictionnelle. L'application de cet article dans cette affaire souligne l'engagement de l'État à couvrir les frais d'une partie ayant recouru à des voies de droit pour faire valoir ses droits, dans un contexte d'urgence administrative.
En somme, cette décision souligne l'importance de l'accès à la justice et des recours administratifs, tout en rappelant aux juridictions administratives l'impératif de ne pas qualifier abusivement les recours légitimes des citoyens.