Résumé de la décision
La cour administrative d’appel de Nantes avait annulé un jugement du tribunal administratif de Rennes, qui avait reconnu le droit d’une cohéritière à inhumer sa mère dans un caveau familial du cimetière du Vil à Roscoff. L'arrêt contesté stipulait que la faculté d'effectuer des inhumations dans des caveaux de famille était limitée à une période de cinq ans suivant la fermeture du cimetière, décidée par une délibération du conseil municipal en 2009. Le Conseil d'État a annulé cet arrêt en considérant que cette interprétation constituait une erreur de droit, car elle ne tenait pas compte des dispositions légales concernant les inhumations dans des caveaux de famille.
Arguments pertinents
Les arguments principaux qui justifient l'annulation de l'arrêt de la cour administrative d’appel sont les suivants :
1. Erreur de droit sur la durée des facultés dérogatoires : La cour a estimé à tort que le droit d'effectuer des inhumations dans les caveaux de famille était limité à un délai de cinq ans. La décision stipule que "lorsqu'une commune a décidé la fermeture d'un cimetière, cette décision fait obstacle à l'octroi de toute nouvelle concession et à toute nouvelle inhumation en terrain commun mais n'interdit pas… la poursuite des inhumations en terrain concédé dans les caveaux de famille…".
2. Obligation de satisfaire aux conditions légales : Les dispositions légales permettent la poursuite des inhumations à condition que les caveaux soient conformes aux normes d'hygiène et de salubrité, et que des places soient encore disponibles. La cour rappelle que "le maire est tenu de faire droit à une telle demande d'inhumation" si ces conditions sont remplies.
Interprétations et citations légales
Les textes de loi appliqués dans la décision ont été interprétés de manière à renforcer le droit des cohéritiers de réaliser des inhumations dans leur caveau familial malgré la fermeture du cimetière, tant que certaines conditions sont respectées :
- Code général des collectivités territoriales - Article L. 2223-6 : "En cas de translation de cimetières, les cimetières existants sont fermés dès que les nouveaux emplacements sont disposés à recevoir les inhumations. [...] Toutefois, les inhumations peuvent continuer à être faites dans les caveaux de famille édifiés dans les cimetières désaffectés...".
- La décision souligne que "le législateur n'a pas entendu appliquer le délai de cinq ans prévu au premier alinéa à la faculté dérogatoire ouverte par le second alinéa", ce qui montre une interprétation qui protège le droit à l'inhumation et qui conteste une lecture restrictive de la loi.
En somme, cette décision souligne l'importance de respecter les droits des familles dans le cadre des inhumations et de ne pas restreindre ces droits par des interprétations erronées des délais légaux. Le droit à l'inhumation dans des caveaux familiaux est préservé tant que les conditions d'hygiène et de salubrité sont respectées, indépendamment de la fermeture administrative du cimetière.